Pauline Marois, une souverainiste d'expérience, à la tête du Québec
«Ce soir, une autre page s’ouvre dans l’histoire de notre peuple. Pour la première fois, le gouvernement du Québec sera dirigé par une femme. Je suis très émue d'être la première à qui incombe cette responsabilité », a lancé Pauline Marois à ses partisans, dès l’annonce de sa victoire, avant qu'un incident ne vienne ternir la soirée.
Un attentat perturbe le discours de Pauline Marois
Remportant, avec seulement 32% de voix, le scrutin législatif au Québec, elle se retrouve à la tête d'un gouvernement minoritaire, sans avoir l'appui d'une majorité au parlement
Cette femme pimpante et énergique aux cheveux blonds coupés court et aux yeux clairs, devra probablement mettre de côté l'épineux dossier de l'aspiration du Québec à l'indépendance. Une pulsion forte pour bon nombre de francophones, mais insuffisante pour gagner un référendum, comme l'ont montré les échecs de telles consultations en 1980 et 1995.
Femme politique d’expérience, quatorze fois ministre, elle a dirigé les ministères les plus importants — l'Education, la Santé et les Finances — acquérant une connaissance approfondie des rouages de la politique québécoise.
Des origines modestes
Née le 29 mars 1949 à Québec, d'un père mécanicien et d'une mère institutrice, Pauline Marois est l'aînée d'une fratrie de cinq enfants. Elle fait sa scolarité dans une école privée huppée, puis obtient un MBA (maîtrise en administration des affaires) de l'Ecole des hautes études commerciales (HEC) de l'université de Montréal.
Pauline Marois entre en politique en 1978 comme attachée de presse du ministre des Finances. Elle devient ministre d'Etat à la condition féminine au gouvernement péquiste (Parti québécois) de René Lévesque en 1981, puis accède aux plus grands ministères.
Après deux tentatives infructueuses en 1985 et 2005, Pauline Marois devient la première femme à être élue chef du PQ en 2007. Son parcours à ce poste est difficile, avec notamment une crise provoquée par la démission en 2011 de quatre députés.
Le printemps érable
Chef de l'opposition officielle depuis 2008, elle s'affronte au Premier ministre libéral (conservateur) Jean Charest. Elle soutient les étudiants en grève qui s'opposent à la hausse annoncée des frais de scolarité et arbore le carré rouge du «printemps érable» (surnom donné à la révolte étudiante) à l'Assemblée nationale.
En pleine campagne électorale, la souverainiste, de couleur sociale-démocrate, attire dans ses rangs l'ancien leader d'un des syndicats étudiants, Léo Bureau-Blouin, 20 ans. Coup de maître, puisqu'il remporte un siège de député au nord de Montréal et surtout sert à mobiliser les jeunes en faveur du PQ.
Pendant la campagne électorale, elle avait appelé les électeurs à lui donner une majorité claire pour pouvoir appliquer son programme qui proposait notamment d'indexer les frais de scolarité sur le coût de la vie et d'annuler la loi spéciale, votée par le pouvoir de Jean Charest, qui limite le droit de manifester et d'entraver l'accès aux cours. Des textes qui avaient provoqué le printemps érable québécois.
La faiblesse de la victoire électorale du PQ pourrait rendre difficile l’application de son programme.
Les contradictions de Madame Marois
Pendant la campagne électorale, elle a dû faire face aux critiques sur sa personnalité, sur ses tenues, ses foulards et ses bijoux. Ses détracteurs lui reprochent ses contradictions : d'un côté l'ex-travailleuse sociale qui lutte contre les inégalités, de l'autre la riche propriétaire, avec son mari, d'un manoir sur l'Ile-Bizard (nord-ouest de Montréal), et d'appartements à Québec, dans Charlevoix et en Floride.
Souverainiste convaincue, comme en témoigne une discrète fleur de lys parfois épinglée à sa veste de tailleur, Madame Marois aimerait proposer un troisième référendum sur l'indépendance du Québec. Mais, elle s’est bien gardée d'en préciser l'échéance. La prudence d'une femme politique d'expérience.
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