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Canada: polémique sur l'arrêt des bombardements contre l'Etat islamique

Deux chasseurs F18 des forces armées canadiennes ont bombardé, le 15 novembre 2015, des positions du groupe Etat islamique. Le nouveau Premier ministre Justin Trudeau avait pourtant promis l’arrêt des frappes à très court terme en cas de victoire aux élections. Mais après les attentats de Paris, l’opposition conservatrice exige que le gouvernement révise sa position.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau arrivant au G20, à Antalya en Turquie, le 15 novembre 2015. (BERND VON JUTRCZENKA / DPA)

Dix. C’est le nombre de bombardements réalisés par les forces canadiennes depuis que Justin Trudeau est Premier ministre. C'est nettement plus que ces derniers mois, alors que, juste après la victoire de son Parti libéral aux législatives du 19 octobre 2015, M.Trudeau avait informé le président américain Barack Obama que son gouvernement mettrait fin à ses frappes aériennes.

Mais face au durcissement de ton de la communauté internationale vis-à-vis des djihadistes, le chef du gouvernement canadien, qui participait au sommet du G20 le 15 novembre 2015 en Turquie, s'est retrouvé dans une position délicate. Le président américain Barack Obama a promis d'intensifier la lutte en Syrie. Et quarante-huit heures après les attentats de Paris, la France a largué 20 bombes sur le fief de l'Etat islamique à Rakka, dans l'est de la Syrie. 


Washington s'est dit «absolument» prêt a approuver une éventuelle invocation par la France de l'article 5 du traité fondateur de l'Otan dont le Canada est membre. En cas d'attaque armée contre un pays membre, celle-ci est considérée comme une attaque dirigée contre tous les pays de l'alliance d'après le traité.

Le fait qu'avant son départ pour Antalya, M.Trudeau ait réaffirmé vouloir «continuer à collaborer avec nos alliés partout dans le monde pour assurer la sécurité des Canadiens et des autres» a déclenché les critiques de l'opposition conservatrice à l'origine de l'engagement canadien au sein de la coalition internationale.

Le Canada bombarde les positions de Daech en Irak depuis octobre 2014 et a étendu les frappes à la Syrie en avril 2015, à l'instigation de l'ancien gouvernement conservateur de Stephen Harper.


«Je tiens à bien faire comprendre que nous pensons que le Canada ne devrait pas retirer l'aviation royale canadienne de la coalition qui lutte actuellement contre le groupe Etat islamique», insistait la chef de l'opposition Rona Ambrose, au lendemain des attentats de Paris.


Mme Ambrose attend «du gouvernement libéral qu'il change immédiatement sa position sur le retrait des 718 canadiens» et, dans ce cas, lui promet son soutien.

De leur côté, les libéraux entendent plutôt fournir une aide à la formation de soldats locaux, et renforcer le volet humanitaire de la mission canadienne, entre autres. «Nous sommes complètement ouverts à l’idée de discuter avec nos alliés d’autres façons de contribuer à la lutte contre EI, a déclaré au journal Le Devoir Dominic Leblanc, leader du gouvernement à la Chambre des communes, ajoutant que ce débat «va avoir lieu dans les prochains jours». M. Leblanc a par ailleurs confirmé l'intention du gouvernement Trudeau d'accueillir prochainement 25.000 réfugiés syriens.

Dans le cadre de leur engagement avec les forces de la coalition internationale emmenée par les Etats-Unis, deux avions de chasse canadiens, des «F18 Hornets ont frappé une position de combat de l'EI au sud-ouest de Haditha», à 260 km au nord-ouest de Bagdad, selon le ministère de la Défense. Ces frappes en Irak avaient été précédées par d'autres le 13 novembre 2015, soit quelques heures avant la série d'attaques meurtrières à Paris, toutes revendiquées par l'Etat islamique.

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