Cet article date de plus de quatorze ans.

C'est une histoire belge dont on espère qu'elle finira bien.

Une équipe de l"Université catholique de Louvain est sur la piste d"un nouveau traitement très prometteur contre le virus VIH.Leurs travaux ont été présentés, mercredi 17 février 2010, lors de la conférence sur le sida à San Francisco.
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Une équipe de l"Université catholique de Louvain est sur la piste d"un nouveau traitement très prometteur contre le virus VIH.

Leurs travaux ont été présentés, mercredi 17 février 2010, lors de la conférence sur le sida à San Francisco.

Les chercheurs belges ont décidé de mettre un terme à une union contre nature entre le virus VIH et une protéine de notre propre organisme qui l"aide dans sa funeste besogne.

Ce virus est, en effet, diabolique. Alors que nos cellules possèdent tout l"équipement nécessaire pour le tuer à l"instant même où il pointe le bout de son nez, ce virus arrive à entrer dans la cellule en se faisant passer pour un ami et non un agresseur. Il n"aura ensuite de cesse d"utiliser près de 300 protéines des cellules qu"il contamine pour arriver à ses fins, c'est-à-dire se reproduire à des millions d"exemplaires pour aller contaminer d"autres cellules en tuant , au passage, la cellule qui l"a hébergé.

Pour se reproduire, il a besoin de mettre son programme de fabrication dans l"ordinateur de la cellule, c'est-à-dire l"ADN contenu dans le noyau.

Pour cela, le VIH a des ‘ciseaux" biologiques, une enzyme appelée intégrase. Cette intégrase va insérer le programme du VIH dans celui de la cellule et le tour est joué.

L"équipe belge a montré, il y a quelques années, que le virus avait trouvé une "petite main" pour l"aider à tenir les ciseaux. Une protéine humaine, au nom barbare, LEDGF/p75, aide, en effet l"intégrase dans son œuvre de destruction.

Comment a-t-elle été circonvenue par le VIH et amenée à collaborer ? Mystère !

Mais le Dr Frauke Christ et ses collègues sont allés encore plus loin et ont montré qu"en déréglant LEDGF on empêchait l"intégrase de travailler et le virus de se multiplier.

Ils ont donc cherché à mettre au point une substance facile à absorber et capable de perturber ainsi les basses œuvres du virus.

En passant au crible près de 25000 substances chimiques connues, ils ont pu isoler quatre composés. Dans un deuxième temps, ils ont choisi le meilleur candidat parmi les quatre finalistes. Ils ont ensuite modifié chimiquement ce dernier candidat pour en arriver à la mise au point d"une molécule qui, en laboratoire, gâche la vie du virus en s"attaquant au ‘collabo" LEDGF !

Ce produit, joliment baptisé pour l"instant CX04328 est donc un inhibiteur d"intégrase. Chimiquement c"est un composé assez simple à produire, puisqu"il appartient à une famille dont on tire des antibiotiques et des pesticides.

Mais il faut maintenant quitter le laboratoire et se rapprocher des patients. Les essais cliniques devraient bientôt débuter. Les chercheurs sont confiants car leur produit s"est avéré non toxique sur les animaux et il a surmonté des résistances du VIH que les deux inhibiteurs déjà existant ne pouvaient traiter.

On a donc hâte de connaître la fin de cette belle histoire belge.

Jean-Daniel Flaysakier, envoyé spécial à San Francisco

>> Retrouvez toutes les informations sur cette conférence sur le blog santé de Jean-Daniel Flaysakier

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