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Présidentielle au Brésil : environnement, économie, diplomatie... Les chantiers qui attendent Lula après sa victoire

Le président élu a promis de lutter contre la déforestation et les inégalités. Mais il devra aussi réparer un pays divisé, après le mandat de Jair Bolsonaro, le président sortant d'extrême droite.

Article rédigé par Fabien Jannic-Cherbonnel
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Le président élu brésilien Lula, le 30 octobre 2022 à Sao Paulo (Brésil). (CARL DE SOUZA / AFP)

"Le Brésil a besoin de paix et d'unité", a déclaré Lula lors d'un discours à Sao Paulo (Brésil) dimanche 30 octobre, après sa victoire contre Jair Bolsonaro à l'élection présidentielle. Elu avec 50,9% des voix, le président élu a promis de s'atteler à corriger le bilan de son prédécesseur, jugé "désastreux" par de nombreux spécialistes.

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Les challenges ne manquent pas dans un Brésil à l'économie morne, fracturé après une campagne violente et où les inégalités ont explosé sous le mandat de l'ancien président d'extrême droite. "Je vais gouverner 215 millions de Brésiliens et pas seulement ceux qui ont voté pour moi", a ainsi affirmé Lula. La mission qui attend l'ancien président de gauche, élu pour un troisième mandat, s'annonce difficile. Franceinfo recense les chantiers du nouveau président brésilien, qui entamera son mandat le 1er janvier 2023.

Rendre au Brésil sa place sur la scène internationale

Lula en avait fait un des axes de sa campagne. Le plus grand pays d'Amérique latine s'est isolé sur le plan diplomatique pendant le mandat de Jair Bolsonaro. "Aujourd'hui, nous disons au monde que le Brésil est de retour, il est trop grand pour être relégué à ce triste rôle de paria dans le monde", a ainsi assuré Lula durant son discours de victoire. Son élection a d'ailleurs été saluée par de nombreux chefs d'Etat et de gouvernement, parmi lesquels le président américain Joe Biden, le président français Emmanuel Macron. Gabriel Boric, le président chilien récemment élu a tweeté un bref mais enthousiaste : "Lula. Joie !"

"En remettant le Brésil sur la scène internationale, Lula veut donner envie aux investisseurs de revenir dans le pays", explique Christophe Ventura, directeur de recherche à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris). Des points de dissensions pourraient cependant apparaître, prévient Frédéric Louault, codirecteur du Centre d'étude des Amériques à l'Université libre de Bruxelles. "Sur la question de la guerre en Ukraine, il a beaucoup renvoyé dos à dos Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky, critiquant la position des Occidentaux", rappelle-t-il. Le président russe Vladimir Poutine a d'ailleurs félicité Lula, lundi, en affirmant vouloir développer avec lui une "coopération constructive".

Résorber l'explosion des inégalités

Jair Bolsonaro laisse à son successeur une économie atone. Après avoir largement réduit le budget de l'Etat, le président sortant a lancé de nombreuses mesures de soutien aux Brésiliens, non financées, à la fin de son mandat. "Le premier objectif de Lula va être d'arrêter le rouleau compresseur du bolsonarisme qui est passé sur les politiques publiques mises en place sur les trois dernières décennies", souligne Frédéric Louault. Lula a ainsi plaidé lors de son discours de victoire pour "un Brésil égalitaire, un Brésil pour tous, dont la priorité est donnée aux personnes qui en ont le plus besoin".

Surtout, le président de gauche devra trouver de l'argent pour financer les politiques sociales promises dans son programme. "Il devra relancer l'économie pour pouvoir redistribuer alors que la croissance est moins forte que lors de son premier mandat", ajoute le chercheur. Des millions de Brésiliens et Brésiliennes ont basculé dans la pauvreté ces dernières années, notamment à cause de la crise liée au Covid-19. Le président élu a promis de s'attaquer au problème de la faim, alors que près de 33,1 millions de personnes sont en insécurité alimentaire, d'après une étude publiée en juin par le Réseau brésilien de recherche sur la sécurité alimentaire.

Ralentir la déforestation

Si la thématique environnementale a été peu abordée lors des débats présidentiels, Lula en a bien fait un axe de sa campagne. Le président élu a ainsi promis de lutter contre la déforestation des forêts primaires, qui s'est accélérée dès le début du mandat de Jair Bolsonaro, pour atteindre en 2021 son plus haut niveau depuis 2008. "Le Brésil est prêt à reprendre son leadership dans la lutte contre la crise climatique (...). Le Brésil et la planète ont besoin d'une Amazonie en vie", a-t-il déclaré dimanche soir.

Le gouvernement de Lula a notamment prévu de redonner des moyens aux organismes de surveillance de la déforestation en Amazonie, très affaiblis par les coupes de crédits. Signe encourageant, la Norvège, qui avait gelé son aide financière contre la déforestation de l'Amazonie au Brésil sous la présidence de Jair Bolsonaro, a annoncé lundi son intention de redémarrer sa collaboration avec Brasilia.

Rassembler un Brésil divisé

Il "n'existe pas deux Brésil (...) Nous sommes un seul peuple, une seule nation", a assuré Lula, au terme d'une campagne violente qui a marqué les divisions de la population du pays. "Cela va être particulièrement difficile, c'est une chose de le dire, mais dans la réalité la société est extrêmement polarisée", souligne Christophe Ventura. Sans majorité au Congrès brésilien, Lula devra négocier chacune de ses réformes. "Il va y avoir une opposition parlementaire très virulente des bolsonaristes", prédit Frédéric Louault.

Preuve de sa volonté de réconciliation, le président élu a promis de mieux représenter les minorités et les femmes dans son prochain gouvernement et de créer un nouveau ministère en charge des Affaires autochtones.

Lula aura fort à faire pour redonner confiance aux Brésiliens dans la démocratie, alors que Jair Bolsonaro "a réduit la transparence des organisations publiques et du gouvernement", expliquait à franceinfo Graziella Guiotti professeure à l'Ecole de politique publique de la fondation Getulio Vargas, à Brasilia. Le président sortant ne s'est d'ailleurs pas encore exprimé sur les résultats, alors qu'il avait laissé entendre qu'il pourrait ne pas accepter une défaite pendant la campagne.

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