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Le Brésil est-il en train de devenir un nid d'espions russes ?

En moins de deux ans, au moins trois espions russes sont suspectés de s'être créés une nouvelle identité au Brésil. Mais le pays enquête désormais sur l'ampleur du réseau et espère identifier de nouveaux agents.
Article rédigé par franceinfo - Jean-Mathieu Albertini
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le Brésil : ses plages, sa gastronomie et ses espions russes. (ALEXANDRE ROTENBERG / ROBERT HARDING RF)

"Rio ne répond plus", ou quand la réalité dépasse la fiction. Les services de renseignement de plusieurs pays du monde soupçonnent le Brésil d'être devenu un berceau d'espions russes. Depuis 2022, au moins trois Russes sont suspectés de s'être confectionné une nouvelle identité au Brésil, profitant de failles du système local. Les services de renseignements locaux estiment que d'autres agents russes ont pu passer par le pays.

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Des soupçons éveillés lorsqu'un certain Victor Ferreira, passeport brésilien en main, débarque en avril 2022 à l'aéroport d'Amsterdam. Or, Victor n'existe pas, il s'agit en réalité de Sergey Cherkasov, citoyen russe qui, à l'époque, tente de s'infiltrer au sein du Tribunal Pénal International de la Haye. Renvoyé au Brésil, il est condamné pour usage de faux, mais nie être un espion. La Russie allègue, sans convaincre grand monde, qu'il s'agit d'un trafiquant de drogue et demande son extradition.

Des cours de danse comme couverture

En novembre de la même année, un autre Russe, qui se faisait passer pour un chercheur brésilien, est arrêté en Norvège. Enfin, en 2023, une Brésilienne rapporte la disparition de son compagnon. Ce propriétaire d'un magasin d'imprimante serait lui aussi un espion russe sous couverture qui, flairant les ennuis, aurait filé avant d'être découvert.

Études supérieures, achat d'appartement, mariage ou même cours de danse, les espions auraient patiemment construit leur fausse identité durant plusieurs années. Mais le Brésil ne semble pas être leur objectif : c'est plutôt un point de départ pour ensuite réaliser leurs missions dans d'autres pays. Brasilia a, en effet, pour tradition d'éviter de s'impliquer dans les grands conflits internationaux, et un passeport brésilien ne fait généralement pas tiquer aux frontières. Mais surtout, les services russes ont perçu une faille dans l'émission de documents d'identité locaux.

Une enquête sur l'ampleur du réseau

De fait, les documents saisis sur les espions ne sont pas de faux papiers. Le problème vient en amont : il est très facile d'obtenir un acte de naissance pour un adulte au Brésil. Et une fois cet acte en mains, récupérer un passeport brésilien parfaitement légitime est une simple formalité.

Malgré quelques améliorations, le système reste vulnérable. Mais grâce à une clé USB appartenant à l'un des espions, les Brésiliens enquêtent maintenant sur l'ampleur de ce réseau. En coopération avec divers services de renseignements étrangers, ils espèrent identifier de nouveaux espions russes passés par le pays, ou toujours présents au Brésil.

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