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Huit chefs d'Etat qui ont été menacés de destitution avant Dilma Rousseff

Le mandat de la présidente du Brésil ne tient plus qu'à un fil. Avant elle, d'autres chefs d'Etat ont été poussés vers la sortie. Francetv info revient sur certains cas marquants.

Article rédigé par Marie-Violette Bernard
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Dilma Rousseff lors d'une conférence de presse au palais présidentiel du Planalto, à Brasilia (Brésil), le 18 avril 2016. (EVARISTO SA / AFP)

Dilma Rousseff va devenir le deuxième chef d'Etat du Brésil à être poussée vers la sortie avant la fin de son mandat. La présidente brésilienne s'apprête, jeudi 12 mai, à céder le pouvoir à son vice-président Michel Temer, après l'ouverture de son procès en destitution par le Sénat attendue dans la matinée, au terme d'une session marathon historique.

D'autres dirigeants politiques avant elle ont été évincés du pouvoir ou menacé de destitution. Francetv info revient sur huit cas marquants.

Ceux qui ont été destitués

Habib Bourguiba. Le premier président élu après l'indépendance de la Tunisie est resté au pouvoir pendant 30 ans. Un "coup d'Etat médical" a toutefois mis un terme à son mandat, le 6 novembre 1987, rappelle Libération. Un groupe de sept médecins certifie alors de l'incapacité mentale d'Habib Bourguiba à exercer le pouvoir. Le lendemain matin, son Premier ministre et futur chef de l'Etat, Zine Ben Ali, utilise ce rapport médical pour obtenir sa destitution.

Alberto Fujimori. Il a lui aussi été écarté du pouvoir, le 21 novembre 2000. Le chef d'Etat du Pérou est alors accusé de corruption et de fraude lors des élections présidentielles de 1999. Parti se réfugier au Japon, il envoie sa lettre de démission au Parlement par fax. Mais les élus péruviens la refusent et choisissent de destituer Alberto Fujimori, jugé "moralement incapable", selon La Republica (en espagnol). L'ancien président péruvien a été condamné neuf ans plus tard à 25 ans de prison pour violation des droits de l'homme. Reconnu coupable pour son rôle d'instigateur dans deux massacres de civils, survenus en 1991 et 1992, Alberto Fujimori est emprisonné au Pérou depuis 2007.

Viktor Ianoukovitch. L'ex-chef d'Etat péruvien n'est pas le seul à avoir fui son pays au moment de sa destitution. Le président ukrainien, contesté par une large partie de la population, quitte Kiev fin février 2014 pour se réfugier dans la région russophone de Donetsk. Constatant une vacance du pouvoir, le Parlement ukrainien décide le 22 février d'organiser une élection présidentielle anticipée. Les députés destituent de facto Viktor Ianoukovitch, qui a depuis rejoint la Russie.

L'ancien président ukrainien Viktor Ianoukovitch lors d'une interview avec la chaîne Ria Novosti à Moscou (Russie), le 12 février 2015. (ILIYA PITALEV / RIA NOVOSTI / AFP)

Ceux qui ont préféré démissionner avant d'être évincés

Fernando Collor de Mello. Dilma Rousseff n'est pas le premier chef d'Etat brésilien à faire face à une procédure de destitution. Fernando Collor de Mello a connu le même sort en 1992. Le président brésilien, au pouvoir depuis deux ans, est alors accusé d'être au cœur d'un vaste système de corruption, se souvient le site Diario de Notícias (en portugais). La chambre des députés se prononce largement en faveur de sa destitution, par 441 voix pour et 33 voix contre. Fernando Collor de Mello choisit de démissionner avant que la procédure ne soit portée devant le Sénat. Après avoir été interdit d'exercer tout mandat ou fonction publique pendant huit ans, l'ex-chef d'Etat a renoué avec la politique en 2002. Il est désormais sénateur de l'Etat d'Alagoas, précise DNotícias (en portugais).

Richard Nixon. Le républicain a lui aussi remis sa démission alors qu'il était en plein cœur de la tourmente. Le président américain, accusé d'avoir fait placer des micros au siège du comité national du parti démocrate, est menacé d'une procédure d'"impeachment" par le Congrès. Même les membres de son parti, les républicains, le lâchent face à l'ampleur du scandale du Watergate, rappelle Le Figaro. Richard Nixon décide donc d'annoncer sa démission à la télévision, le 8 août 1974. Le lendemain midi, il quitte définitivement la Maison Blanche et laisse sa place à son vice-président, Gerald Ford.

Richard Nixon fait ses adieux au staff de la Maison Blanche, le 9 août 1974. (AFP)

Pervez Musharraf. Cet ancien chef des armées pakistanais a démissionné de son mandat de président en août 2008. Il était arrivé au pouvoir en 1999, lors d'un coup d'Etat sans effusion de sang, note Le Monde. Neuf ans plus tard, l'opposition lance une procédure de destitution contre lui, alors qu'il est accusé d'avoir limogé près de 60 magistrats pour assurer sa réélection et d'avoir imposé l'état d'urgence dans le pays. Pervez Musharraf rend les armes avant même le début de la bataille institutionnelle et annonce sa démission à la télévision, le 18 août 2008. Jusqu'au bout, il affirme pourtant qu'il n'a rien à se reprocher. "Malheureusement, certaines personnes ayant des intérêts personnels ont lancé de fausses accusations à mon égard, lance-t-il lors de son allocution. Ils ont trompé le peuple."

Ceux qui ont gardé le pouvoir de justesse

Bill Clinton. Certaines procédures de destitution n'ont toutefois jamais abouti. En juillet 1998, le démocrate voit son mandat sérieusement menacé par ses écarts avec une jeune stagiaire à la Maison Blanche. Après avoir obtenu l'immunité, Monica Lewinsky reconnaît avoir eu des relations sexuelles avec le président des Etats-Unis, indique RTL. Elle donne même aux enquêteurs une robe bleue tachée de sperme : après des analyses ADN, le FBI conclut "avec un degré raisonnable de certitude scientifique" qu'il s'agit de celui de Bill Clinton. Les républicains engagent une procédure d'"impeachment" contre lui en décembre. Seuls la moitié des 100 sénateurs appuient toutefois les accusations d'entrave à l'exercice de la justice et de parjure. Acquité par la chambre haute, le président américain peut donc poursuivre son deuxième mandat jusqu'en 2001.

Bill Clinton est interrogé sur l'affaire Monica Lewinsky lors d'une conférence de presse à Washington (Etats-Unis), le 5 mars 1999. (STEPHEN JAFFE / AFP)

Jacob Zuma. Plus récemment, le président sud-africain a lui aussi échappé à la destitution, comme le souligne Le Figaro. La Cour constitutionnelle l'a reconnu coupable de violation de la Constitution le 31 mars dernier. En cause : l'utilisation de fonds publics pour réaliser 20 millions d'euros de travaux dans sa résidence privée. Après cette décision de justice, l'opposition a déposé une motion de censure contre le président. La procédure n'a toutefois jamais abouti : il fallait au moins deux tiers des voix de l'Assemblée nationale pour évincer Jacob Zuma. Le parti du président, le Congrès national africain, dispose toutefois d'une large majorité. Résultat : 233 députés se sont prononcés contre la destitution, mardi 5 avril, et 143 pour. Jacob Zuma reste toutefois très contesté dans son pays.

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