Crash d'avion en Colombie : "Je croyais que c'était un mauvais rêve", raconte un survivant
Six personnes ont survécu à l'accident d'un avion dans lequel voyageait le Chapecoense, une équipe de foot brésilienne.
Les mots des survivants sont rares. Et pour cause, certains sont grièvement blessés et toujours hospitalisés, deux semaines après le crash de l'avion qui transportait l'équipe de foot brésilienne du Chapecoense, en Colombie, le 28 novembre 2016. Le journaliste sportif brésilien Rafael Henzel, rescapé de l'accident, qui a fait 71 morts, a raconté dimanche 11 décembre à la télévision brésilienne TV Globo les instants qui ont précédé le crash, ainsi que son réveil.
Je ne me souviens pas de cris ou de moment de panique. C'était plutôt un silence, un silence déroutant
Le reporter était assis à l'arrière de l'avion, entre deux confrères, lorsque l'appareil s'est trouvé en difficulté. Rafael Henzel se souvient de ces quelques minutes d'inquiétude. "On a demandé à plusieurs reprises combien de temps il restait avant l'atterrissage. À chaque fois, l'équipage répondait : 'Encore dix minutes'. Tout d'un coup, ils ont éteint les lumières de l'avion… Ils ont éteint les moteurs et tout le monde est retourné s'asseoir sur son siège pour s'attacher, raconte-t-il. À cet instant, il y a eu un moment d'appréhension général mais personne ne pouvait imaginer qu'on allait taper. À aucun moment le pilote ou un steward n'a dit : 'Mettez vos ceintures de sécurité car nous risquons ceci ou cela'."
Rafael Henzel raconte ensuite son réveil, après la collision. "Je croyais que c'était un mauvais rêve. J'ai vu des gens avec des lumières, j'ai commencé à crier. J'étais bloqué entre deux arbres. À côté de moi, les deux sièges étaient encore accrochés et le choc a été terrible quand je me suis rendu compte que mes deux camarades étaient sans vie."
"Je me suis mis en position fœtale"
"Le pire, c'est qu'ils ne sont pas morts pour une faille mécanique mais à cause du manque de discernement d'un gars qui voulait réaliser une économie idiote, c'est révoltant", conclut le journaliste, rappelant qu'une panne de carburant a été à l'origine de l'accident.
Cinq autres personnes ont survécu. Parmi elles, Erwin Tumiri, technicien bolivien de 25 ans, a raconté à la radio Caracol comment il a réussi à sortir indemne de l'accident. "J'ai survécu parce que j'ai suivi les protocoles de sécurité. Beaucoup de gens se sont levés de leur siège et se sont mis à crier. Moi, j'ai placé ma tête entre mes jambes et je me suis mis en position fœtale", a-t-il expliqué. Ximena Suarez, hôtesse de l'air, se souvient seulement que "les lumières se sont éteintes... avant le chaos".
"Je préfère avoir perdu une jambe et être en vie"
L'équipe de Chapecoense a été décimée. Trois joueurs seulement ont survécu. Le défenseur Alan Ruschel, touché à la colonne vertébrale, a déclaré, dans une vidéo tournée pour ses fans, qu'il serait "bientôt de retour au Brésil pour finir de récupérer". A L'Equipe, son agent Diego Gomes explique que la mort de ses coéquipiers lui a été "cachée plusieurs jours" et que le joueur "ne se souvient pas de l'accident".
Le défenseur central Helio Neto, plongé dans le coma pendant près de deux semaines, n'a pas non plus de souvenir du crash. A son réveil, selon So Foot, le joueur a demandé le résultat de la finale aller de la Copa Sudamericana que son club devait disputer contre l'Atlético Nacional. "Le psychologue a décidé de ne pas lui parler de l'accident, pour éviter un choc émotionnel qui pourrait être préjudiciable pour sa récupération", a expliqué le médecin du club à Globoesporte, dimanche. Helio Neto est toujours en soins intensifs, mais respire désormais seul.
Le gardien Jakson Follmann, lui, a dû être amputé de la jambe droite, sous le genou. D'après les médias sud-américains, début décembre, le goal a seulement déclaré à ses médecins : "Je préfère avoir perdu une jambe et être en vie."
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