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Brésil : la grande panne après le miracle économique
Economie à l’arrêt, chômage et inflation en forte hausse, les mauvaises nouvelles s’accumulent pour le Brésil à moins d’un an des Jeux Olympiques. La 7e économie du monde est passée en quelques années de la position de grande puissance émergente attirant les investisseurs du monde entier, à un pays en plein doute économique, politique et moral.
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Le Brésil cumule les mauvaises nouvelles. L’économie s’est contractée de 2,5% depuis le début 2015. 7,5% de la population active est au chômage (4,9%, un an plus tôt). L’inflation dépasse les 9% et le réal, la monnaie brésilienne, a perdu 30% de sa valeur cette année face au dollar.
Après le boom des années 2000-2010, l’économie brésilienne n’a cessé de reculer. Durant la crise des subprimes (2009), le monde avait placé ses espoirs dans le Brésil, son économie progressait de 7,5% en 2010 aidé par le boom des matières premières. Les programmes sociaux du gouvernement Lula avaient sorti près de 40 millions de personnes de la grande pauvreté. La découverte de gisements pétroliers géants au large de ses côtes annonçait des lendemains radieux. Le Brésil devrait doubler sa production de brut à l’horizon 2020.
Fort de sa réussite annoncée, le Brésil se portait alors candidat avec succès pour accueillir le Mondial de football 2014 et les jeux Olympiques en 2016.
Le premier coup de semonce est arrivé avec la sécheresse dans le sud du pays en 2014, qui a provoqué des coupures d’électricité et le rationnement de l’eau jusqu’à Sao Paulo. Mais c’est la dégringolade du prix des matières premières qui a porté le coup de grâce.
Le pays est aujourd’hui pris dans les turbulences venues de chine, son principal partenaire commercial. Le géant latino-américain est pénalisé par une baisse des prix de ses exportations : soja, pétrole, minerai de fer.
Toute l’Amérique latine ralentit
Son économie a également pâti de la crise argentine et des pays latino américains affectés eux aussi par la chute du prix du pétrole (Venezuela, Equateur, Colombie) et du cuivre (Chili, Pérou). Le Venezuela est dans une situation particulièrement difficile avec un PIB en chute de 7%, et une inflation proche des 100%.
Le classement le 10 septembre 2015 de la dette brésilienne en catégorie spéculative par l’agence de notation Standard and Poors ne va pas arranger les choses. «Les financements extérieurs et les investissements vont chuter. Notre monnaie va continuer à baisser, l’inflation va s’accélérer, le chômage va progresser et le PIB ralentir», affirmait le 10 septembre 2015 l’économiste brésilienne Margarida Gutierrez.
Corruption de la classe politique : un mal endémique
Cette crise économique se double d’une grave crise politique. Toutes les mesures proposées par le ministre des Finances Joaquim Levy sont bloquées par le parlement ou des dizaines de députés font l’objet d’une enquête pour corruption. Un ex-directeur de la compagnie pétrolière Nationale (Petrobras) a dénoncé un vaste système de pots-de-vin versés à des dizaines de parlementaires.
Un an après sa réélection, la popularité de la présidente Dilma Rousseff est au plus bas et l’opposition réclame sa destitution suite au scandale de corruption Petrobras. La justice si elle poursuit ses investigations risque de mettre en prison une bonne partie de la classe politique.
Le navire brésilien tangue et le capitaine Dilma Rousseff est tétanisé. Le géant latino-américain repartira et retrouvera son potentiel de croissance mais pas avant 2018, disent les économistes. Il faut pour cela que la confiance revienne et que les prix du pétrole et du soja se redressent.
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