Brésil : "Ce qu'on peut craindre, ce sont des violences dans les semaines à venir"
Après la victoire de Jair Bolsonaro dimanche à la présidentielle brésilienne, Sébastien Velut, directeur de l'institut des Hautes études sur l'Amérique latine, redoute sur franceinfo une légitimation du recours à la violence dans le pays.
"Ce qu'on peut craindre, ce sont des violences dans les semaines à venir, des manifestations pour la démocratie, contre Bolsonaro, donc la situation politique risque d'être encore très tendue au Brésil", a estimé Sébastien Velut, directeur de l'institut des Hautes études sur l'Amérique Latine, lundi 29 octobre sur franceinfo, après la victoire du candidat d'extrême droite Jair Bolsonaro dimanche à la présidentielle. Pour Sébastien Velut, dans le discours de Jair Bolsonaro, "il y a une légitimation du recours à la violence, une promesse de libéraliser le port d'armes au Brésil".
franceinfo : La démocratie brésilienne peut-elle être remise en cause, est-elle en danger, y-a-t-il des contre-pouvoirs à Jair Bolsonaro ?
Sébastien Velut : Ce qu'on peut craindre, ce sont des violences dans les semaines à venir, des manifestations pour la démocratie, contre Bolsonaro, donc la situation politique risque d'être encore très tendue au Brésil. On va voir comment fonctionnent les institutions brésiliennes, institutions qui ne sont sans doute pas aussi solides que les institutions des Etats-Unis. Il y a eu par exemple des déclarations assez fermes de la part de l'ancien président de la cour constitutionnelle, qui peut, dans certains cas, servir de rempart pour la démocratie. (...) Il y a un retournement des gouvernements en Amérique du sud, des présidents de droite, de centre droit, qui ont été élus, mais Jair Bolsonaro va plus loin que les gouvernants de centre droit comme M. Pinera au Chili, je pense qu'il est beaucoup plus radical dans ses propositions, et aussi plus dangereux.
On le surnomme le Trump des tropiques, peut-il mener une politique similaire d'un point de vue économique ?
Il est resté très flou sur le contenu de son programme pendant la campagne, mais il est conseillé par Mr Guedes, économiste libéral qui propose un programme de privatisation, de libéralisation pour relancer l'économie. S'il parvient à s'entendre avec les partis élus au Parlement, il aura les coudées franches. (...) Il y a des similarités, et je pense que Trump est en parti un modèle pour Bolsonaro, il y a non seulement le discours conservateur, nationaliste, et puis aussi l'appui sur un secteur évangélique pour un retour aux valeurs traditionnelles.
Durant sa campagne, il a multiplié les prise de paroles racistes, homophobes, misogynes, y-a-t-il le risque aujourd'hui au Brésil d'une vaste chasse aux sorcières ?
C'est un risque qu'on ne peut malheureusement pas écarter, car il y a eu non seulement ces propos qu'il a tenus durant la campagne, mais aussi une légitimation du recours à la violence, une promesse de libéraliser le port d'armes au Brésil, et ça je crois que c'est vraiment très dangereux.
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