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"Je pense à déménager" : après le déroutage d'un avion de ligne par la Biélorussie, les opposants en exil en Lituanie craignent pour leur sécurité

Trois jours après le détournement d'un avion de ligne par le régime biélorusse et l'arrestation d'un journaliste proche de l'opposition, les journalistes et blogueurs biélorusses en exil à Vilnius, en Lituanie, se sentent particulièrement visés par le régime.

Article rédigé par Eric Biegala
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
La leader de l'opposition biélorusse Svetlana Tikhanovskaya s'adresse aux journalistes à Vilnius, en Lituanie, le 24 mai 2021. (PETRAS MALUKAS / AFP)

Les condamnations se poursuivent, après le détournement d'un avion de ligne sur Minsk, la capitale biélorusse, et l'arrestation d'un journaliste proche de l'opposition au régime d'Alexandre Loukashenko. À l'ONU, pays européens et Américains ont demandé une enquête urgente de l'Organisation de l'aviation civile internationale, tandis que la France et la Pologne ont interdit leurs espaces aériens aux avions biélorusses.

>> Quatre questions sur le déroutage par la Biélorussie d'un avion de ligne où se trouvait un opposant politique

Parallèlement, les journalistes et blogueurs biélorusses en exil à Vilnius, en Lituanie, ne se sentent plus vraiment à l'abri. Parmi eux, Olya, 33 ans, qui anime une chaîne Youtube et qui aujourd'hui ne se sent plus du tout en sécurité à Vilnius.

"Cette fois, on a vu que Loukachentko était complètement fou et on ne sait pas ce que lui ou le KGB peuvent faire maintenant : qui sera leur prochaine cible ?"

Olya, 33 ans

à franceinfo

À vrai dire, les journalistes biélorusses craignent surtout les arrestations de leurs proches, restés au pays. "On a tous nos familles en Biélorussie, indique Hanna, qui travaille pour la chaîne de télévision en ligne biélorusse Belsat, basée en Pologne et en Lituanie. Par exemple, l'une de nos journalistes avait réussi à sortir du pays et sa famille a été arrêtée. Et on lui a fait savoir que ses parents ne seraient pas relâchés tant qu'elle ne reviendrait pas en Biélorussie."

Il y a aussi la crainte d'être arrêté directement sur le sol étranger par des agents du KGB. Roman Protasevitch, arrêté lors du détournement de dimanche, avait été clairement filé durant ses vacances en Grèce, souligne Franak Viacorka, ancien journaliste et aujourd'hui proche conseiller de l'opposante Svetlana Tikhanovskaïa. Lui craint pour la sécurité de tous à Vilnius même.

"Le fait que Roman ait été suivi à Athènes signifie que nous pouvons être suivis partout et je crois qu'ils peuvent nous arrêter facilement, les uns après les autres."

Franak Viacorka, ancien journaliste et aujourd'hui proche conseiller de l'opposante Svetlana Tikhanovskaïa

à franceinfo

"On repense la sécurité de nos équipes, de ceux qui animent les chaînes Telegram depuis Vilnius, poursuit-il. Moi-même je pense à déménager. On se fait vraiment du souci après ce qui s'est passé." Après une plainte déposée par Reporters sans frontières, le parquet de Vilnius a décidé mercredi 27 mai d'engager des poursuites contre le régime d'Alexandre Loukashenko pour détournement d'avion à des fins terroristes.

L'inquiétude de l'opposition biélorusse : reportage à Vilnius d'Eric Biegala

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