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Attentat de Beyrouth : Damas accusée dément toute implication

DECRYPTAGE | La coalition libanaise du 14 mars, hostile au régime syrien, a mis en cause Damas et son allié libanais du Hezbollah, d'être à l'origine de l'attentat qui a frappé Beyrouth ce vendredi. Damas a rejeté ces accusations qui émanent, selon le régime de Bachar al-Assad, "de haines politiques". 
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (Mohamed Azakir Reuters)

Quelques heures après l'attentat
de Beyrouth ce vendredi matin
 la coalition libanaise du 14 mars a accusé la
Syrie et son allié libanais du Hezbollah. L'explosion a fait au moins cinq morts, dont Mohammed Chatah, ex-ministre des Finances et chef de la coalition,
hostile au régime syrien.

La coalition du 14 Mars

Cette coalition
pro-occidentale, regroupe les hommes politiques hostiles au régime syrien et au mouvement chitte du Hezbollah, l'allié de Bachar al-Assad au Liban. Elle a été créée au lendemain
de l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri en 2005.

Cette année-là, la coalition du 14 Mars obtient la majorité
parlementaire aux élections législatives. Son influence diminue depuis et elle est minoritaire aujourd'hui au Parlement. L'un des ses principaux combats est
le désarmement du Hezbollah.

Le contexte

Cet attentat intervient à
deux semaines du début du procès de l'assassinat de Rafic Hariri. Il aura lieu
à La Haye le 16 janvier et sera pris en charge par une instance internationale, le
Tribunal spécial pour le Liban (TSL). Elle sera en charge d'identifier et de
juger les responsables de l'attentat de 2005. Cinq membres du Hezbollah sont
inculpés par le TSL, mais le parti chiite refuse de les remettre à la justice.

Outre le contexte judiciaire,
l'attentat de ce vendredi intervient après une série d'autres attentats. En
novembre, une double explosion devant l'ambassade d'Iran (dans un quartier de
Beyrouth tenu par le Hezbollah) a fait au moins 23 morts. En août, un double attentat contre des mosquées
sunnites de Tripoli
ont fait une quarantaine de morts. Le "mythe sécuritaire du Hezbollah en passe de s'effondrer", s'interrogeait récemment Slate.fr

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Il faut également prendre en
compte le contexte régional. La guerre civile en Syrie s'exporte au Liban. Les tensions communautaires provoquent de plus en plus de violences.
Dans un article publié en mai dernier, le journaliste Alain Gresh, a démontré
comment la crise syrienne favorisait la montée en puissance du rôle des groupes
radicaux
au Liban. 

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Les accusations

Ce vendredi, quelques heures après l'attentat, la
coalition du 14 Mars a mis en cause la Syrie et le Hezbollah. Elle avait porté les mêmes
accusations dans l'assassinat de huit personnalités hostiles au régime syrien entre
2005 et 2012 : des journalistes, des hommes politiques, dont Rafic Hariri. Dans
un communiqué, la coalition du 14 mars écrit : "Le
meurtrier est le même, celui qui est assoiffé de sang syrien comme du sang
libanais (...) de Beyrouth, à Tripoli (...) à l'ensemble du Liban, le meurtrier
est le même, lui est ses alliés libanais, de Deraa, à Alep, à Damas, à toute la
Syrie
".

"Ceux qui ont assassiné Mohammad
Chatah sont ceux-là mêmes qui ont tué Rafic Hariri et ceux qui veulent
assassiner le Liban, humilier et affaiblir l'Etat" (Saad Hariri)

L'ex-Premier ministre et fils de Rafic
Hariri, Saad Hariri a clairement mis en cause le Hezbollah : "Pour
nous, les accusés sont (...) les mêmes qui se dérobent à la justice internationale,
ceux qui refusent de comparaître devant le tribunal international. Ce sont
ceux-là mêmes qui exposent le Liban et les Libanais (...) au chaos et propagent
l'incendie régional à la nation (libanaise)
".

La réponse de Damas

"Ces accusations arbitraires et sans discernement
émanent de haines politiques
" a répondu le régime syrien à la coalition du 14 mars ce vendredi. Damas a démenti toute implication dans cet attentat
et a souligné que ces accusations étaient récurrentes.

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"Certaines personnalités au Liban
n'ont jamais cessé d'accuser (le pouvoir à Damas) à chaque fois qu'un
assassinat douloureux se produit dans le pays frère qu'est le Liban
", a
dit le ministre syrien de l'Information Omrane al-Zohbi. Il a à son tour accusé
la coalition du 14 mars de financer et de soutenir la rébellion syrienne. Rébellion
que le régime de Bachar al-Assad qualifie de "terroriste ".

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