Une équipe de France 3 toujours portée disparue dans l'est de l'Afghanistan
Le dernier contact avec leur rédaction remonte à mardi, en début d'après-midi. Le reporter et le caméraman de France 3 réalisaient depuis plusieurs semaines un reportage pour l'émission Pièces à conviction. Si la direction de la chaîne publique préfère rester prudente et discrète, parlant pour le moment de disparition sans plus de précisions, la thèse de l’enlèvement n’est pas exclue.
"Ce que l’on sait, c’est que les deux journalistes ont disparu alors qu’ils circulaient en voiture avec leur chauffeur et traducteur dans la province de Kapisa", rapporte l’envoyée spéciale de France info en Afghanistan, Valérie Crova. "C’est une zone considérée comme très dangereuse parce qu’elle n’est pas contrôlée par les forces de la coalition", poursuit notre journaliste.
Cette région montagneuse, où sont stationnées des troupes françaises de la Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf), reste en effet un des théâtres d'opérations des talibans. " Il y a effectivement des poches d’insurrections dans la vallée de Kapisa ", confirme le lieutenant-colonel Jacky Fouquereau, porte-parole des forces françaises en Afghanistan. "Tous les jours un travail de sécurisation est fait en soutien des forces de sécurité afghanes et les progrès son notables. Mais on peut trouver des gens qui pratiquent le banditisme locale, des gens certainement animés par une volonté forte de s’opposer à une sécurité et peut-être aussi des gens que l’on qualifie de taliban…le visage est multiple" souligne le militaire.
Officiellement, on ne parle donc pour le moment que de disparition et non d’enlèvement. " Les autorités restent très discrètes pour préserver toutes les chances de retrouver rapidement les deux journalistes ", explique Valérie Crova, qui se trouve donc en ce moment avec le ministre français de la Défense Hervé Morin, venu passé le réveillon avec les troupes françaises positionnées sur la base de Nirjab. Interrogé sur la disparition du reporter de France 3 et de son caméraman, il a simplement indiqué n'avoir reçu " aucune revendication d'aucun groupe " pour le moment (voir chronique associée).
En tous cas, du côté de Reporters sans Frontières, on se montre très inquiet. "On ne sait pas s’ils ont été pris par des talibans, par d’autres groupes, si c’est un enlèvement politique ou crapuleux…" explique le secrétaire général de RSF, Jean-François Julliard, qui rappelle que "c’est dans cette région-là que les dix militaires français ont été tués il y a quelques mois".
L’année 2009 a été la plus meurtrière pour le contingent étranger et les civils en Afghanistan. Depuis la chute des talibans en 2001, quelques dizaines de ressortissants étrangers ont été enlevés par des groupes criminels ou des rebelles talibans, dont plusieurs journalistes.
Cécile Mimaut
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