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Tibet : condamnations internationales prudentes à l'égard de la Chine

La communauté internationale et le secrétaire général de l'ONU réagissent avec prudence et retenue aux événements qui secouent le Tibet depuis une semaine, pour ne pas froisser Pékin, allié économique et diplomatique incontournable.
Article rédigé par franceinfo
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Il aura fallu une semaine au secrétaire général de l'ONU pour réagir aux événements sanglants du Tibet, alors que le gouvernement tibétain en exil a appelé à une enquête des Nations unies sur les violences qu'il attribue à la Chine. Ban Ki-moon a exhorté les autorités chinoises à la retenue et a appelé toutes les parties à "éviter de nouvelles violences". Il s'est entretenu en tête-à-tête avec l'ambassadeur de Chine à l'ONU, Wang Guangya, à qui il a exprimé sa "préoccupation". Une réaction prudente, à cause de l'influence de Pékin, de sa présence au Conseil de sécurité et de son poids à l'ONU.

La plupart des capitales du monde ont également exprimé leur "inquiétude" et ont adressé à Pékin des "appels à la retenue" et à la recherche d'une solution politique, jugeant contre-productif un éventuel boycott des Jeux Olympiques de Pékin, qui "ne punirait que les athlètes". Aucune n'a cependant condamné avec fermeté l'attitude de la Chine, aucune n'a pris de mesure significative contre Pékin, craignant de se fermer la porte du mirifique marché chinois et de froisser un partenaire au poids diplomatique croissant. Même son de cloche au Vatican où le silence remarqué de Benoît XVI sur le Tibet hier lors de l'angelus est interprété par la presse italienne comme une volonté de "ne pas irriter Pékin", quelques jours après la réaffirmation par le Saint-Siège de sa volonté d'un "dialogue constructif" avec la Chine.

La seule initiative symbolique est venue des Pays-Bas avec, pour la première fois depuis le début de la crise, la convocation d'un ambassadeur chinois par le ministère des Affaires étrangères à La Haye.

Depuis une semaine, des moines bouddhistes manifestent au Tibet et dans les régions avoisinantes, à l'occasion du 49ème anniversaire du soulèvement qui a conduit à l'exil du Dalaï Lama. La situation s'est embrasée vendredi à Lhassa où les forces de sécurité ont ouvert le feu. Quelque cent personnes ont été tuées dans les violences survenues au Tibet, selon le Premier ministre tibétain en exil à Dharamsala (nord de l'Inde), tandis que le Parlement des Tibétains en exil annonce, lui, des "centaines" de morts depuis
une semaine. Pékin affirme de son côté que seules 13 personnes ont été tuées et se défend d'avoir réprimé dans le sang les émeutes.

Les informations sont parcellaires, les autorités chinoises ayant interdit l'entrée des médias au Tibet. Selon nos dernières informations, l'armée chinoise semble désormais contrôler la situation dans la capitale Lhassa, mais la révolte s'est étendue à plusieurs autres provinces. Et déjà, Pékin prévient qu'elle agira "sans réserve" pour protéger sa "souveraineté nationale" et son "intégrité territoriale".

Anne Jocteur Monrozier

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