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Rodrigo Duterte : entre deux insultes, Dieu lui parle !

Sur injonction divine, le président philippin Rodrigo Duterte a fait une promesse : ne plus tenir des propos outranciers. Peu ont été jusqu'ici épargnés par son langage ordurier qui défie les règles les plus élémentaires de la diplomatie.
Article rédigé par Falila Gbadamassi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le président philippin Rodrigo Duterte au Japon (26/10/2016) (KAZUHIRO NOGI / AFP)

Le président philippin Rodrigo Duterte a promis de ne plus dire de gros mots. Il a expliqué que Dieu lui avait parlé pendant son voyage de retour du Japon, où il avait éffectué une visite de trois jours, et l'avait prévenu que son avion s'écraserait s'il continuait à jurer.  

Au nombre de ses illustres victimes, le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, qui s'est vu traiter de «démon». Quant à l'Union européenne, elle a été invitée à deux reprises à «aller se faire foutre», geste explicite du doigt à l'appui. 

Le chef d'Etat philippin, qui multiplie depuis sa prise de fonction en juin 2016 les insultes visant ses homologues, a donné des détails sur sa conversation avec Dieu. 

«Je regardais le ciel en arrivant ici (...) Tout le monde dormait, ronflait, mais une voix m'a dit: "Tu sais, si tu n'arrêtes pas de jurer, je vais faire s'écraser cet avion"», a raconté Rodrigo Duterte jeudi 27 octobre 2016 pendant une conférence de presse dans sa ville natale de Davao.
 
«Je me suis dit, qui est-ce? Mais bien sûr, c'est Dieu. OK. J'ai donc promis à Dieu de ne plus parler de manière familière, de dire de mots vulgaires et toutes ces choses», a-t-il conclu. Duterte, qui a déjà dit qu'il devait son élection au Très-Haut, n'avait pas encore pris ces bonnes résolutions pendant son voyage officiel au Japon. De Tokyo, il n'a pas épargné les détracteurs de sa meurtrière politique de lutte antidrogue.   

Mea culpa forcé ?
Cette «révélation divine» intervient quelques jours après une mise en garde de Washington quant à ses propos incendiaires. «La succession de déclarations et commentaires controversés, le réel climat d'incertitudes quant aux intentions des Philippines suscitent la consternation dans un certain nombre de pays», a déclaré le secrétaire d'Etat adjoint chargé de l'Asie-Pacifique, le diplomate américain Daniel Russel, le 24 octobre 2016. 

Le président philippin s'en est déjà pris à Barack Obama en lui disant «d'aller au diable» et en le traitant de «fils de pute». Un qualificatif qu'il a également utilisé à propos du pape François en novembre 2015, en pleine campagne électorale. Il reprochait au souverain pontife d'avoir causé un embouteillage monstre lors de sa visite officielle. 

«Il nous a fallu cinq heures pour aller de l'hôtel à l'aéroport. J'ai demandé qui on attendait. Ils ont dit que c'était le pape, je voulais l'appeler. Le pape, fils de pute, rentre chez toi. Ne viens plus en visite».

L'ancien maire de Davao avait ensuite indiqué qu'il souhaitait se rendre au Vatican pour présenter ses excuses après avoir envoyé une missive dans ce sens. En réponse, Rome lui avait offert des «prières», rapporte La Croix.  

L'Eglise catholique philippine avait condamné ces propos mais comme pour d'autres de ses déclarations controversées, cela n'avait guère eu d'impact sur sa popularité dans un pays qui compte 80% de catholiques.

Trois mois après son arrivée à la tête de l'Etat, émaillés de propos tout aussi orduriers, et sa violente guerre contre la drogue, sa popularité ne s'est pas émoussée selon un sondage indépendant publié début octobre 2016. Il a toujours la confiance de plus de 76% des Philippins, selon cette enquête. 
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