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Pourquoi Dongfeng est le meilleur ami des constructeurs automobiles français en Chine

Partenaire de PSA depuis vingt ans, le groupe public chinois va former une coentreprise avec Renault.

Article rédigé par Thomas Baïetto
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Des ouvriers de Dongfeng dans la troisième usine du groupe chinois, le 2 juillet 2013 à Wuhan (Chine). (AFP)

Après PSA, Renault. Allié privilégié du groupe de Sochaux depuis 1992, Dongfeng va monter une coentreprise en Chine avec la marque au losange pour produire 150 000 véhicules par an. Le groupe automobile a annoncé, jeudi 5 décembre, qu'il avait le feu vert des autorités chinoises pour conclure ce marché, au premier jour de la visite officielle de Jean-Marc Ayrault.

Francetv info vous explique pourquoi le constructeur français a choisi Dongfeng pour sa première implantation en Chine.

Parce que les étrangers sont obligés de s'allier aux Chinois

Prometteur (70 automobiles pour 1 000 habitants, contre 600 en Europe et 800 aux Etats-Unis), comme le note La Tribune, le marché automobile chinois est très contrôlé. Les principaux constructeurs, comme Dongfeng ou SAIC, sont des groupes publics, "des émanations de l'Etat chinois", explique un analyste du secteur à francetv info. La création de Dongfeng, à Wuhan en 1969, doit d'ailleurs beaucoup à la volonté de Mao Zedong de développer l'industrie dans le centre du pays, à l'abri de ses voisins hostiles, rapporte Le Monde (article abonnés).

Pour espérer s'y installer, toute entreprise étrangère doit montrer patte blanche. "En Chine, tous les constructeurs ont l'obligation d'avoir un partenaire local et ce dernier est systématiquement majoritaire" dans la coentreprise créée, explique à francetv info Tangi Le Liboux, stratégiste chez Aurel BGC. Une manière pour les constructeurs chinois d'acquérir compétences et technologies pour un jour voler de leurs propres ailes.

Pourquoi choisir le numéro deux, plutôt que SAIC, le numéro un ? "Les constructeurs français sont arrivés sur le marché un peu plus tard que Volkswagen, qui a noué un partenariat avec SAIC. Ils sont donc allés vers d'autres groupes", estime notre analyste. Ce choix peut également s'expliquer par le fait que Nissan, l'allié nippon de Renault, est déjà en affaires avec Dongfeng. Les deux groupes se connaissent donc déjà. 

Parce que Dongfeng a l'habitude des Français

L'ancien spécialiste chinois des poids lourds et des bus présente un autre avantage. Il travaille depuis 1992 avec un constructeur français, PSA Peugeot-Citroën. Le berceau du géant chinois, Wuhan, est l'une des villes les plus francophiles de Chine. Outre les usines PSA, la capitale du Hubei accueille un consulat français, deux écoles françaises, un hôpital francophone, une liaison Air France avec Paris et près de 90 entreprises françaises, comme le rappelle le site du consulat de France.

Autre avantage, PSA a préparé le terrain. Après des débuts difficiles, son partenariat avec Dongfeng semble avoir trouvé son rythme de croisière. "C'est vraiment depuis le début de l'année 2013 que les ventes ont commencé à décoller, observe Tangi Le Ligoux. Cette coentreprise peut donc être un joli coup pour Renault. Le groupe arrive alors que Dongfeng a déjà l'habitude de travailler avec un Français."

A contrario, les deux Français ne risquent-ils pas de se faire de l'ombre ? "On oppose beaucoup les constructeurs en Europe. Rien n'empêche Renault et PSA de trouver des avantages distincts avec leurs alliances respectives", explique au Huffington Post Bertrand Rakoto, expert du secteur au cabinet RL Polk. Comme les deux entreprises n'en sont pas au même niveau de développement sur le marché chinois, leurs objectifs seront différents.

Parce qu'il dispose d'un soutien haut placé

Enfin, si Dongfeng n'est que le deuxième constructeur chinois, avec 160 000 salariés et plus de 3 millions de véhicules vendus en 2012, comme le relève Renault dans son communiqué, son patron historique (1999-2005) n'est autre que… le ministre de l'Industrie chinois, Miao Wei (lien en anglais), depuis 2013. Si le poste de ministre est moins important en Chine qu'en France, comme nous l'expliquions en 2012, Miao Wei est également l'un des deux cents membres du comité central, l'un des cénacles les plus importants du Parti communiste.

Surtout, dans un pays où l'industrie reste très planifiée, Miao Wei dispose de pouvoirs étendus. "On l'appelle parfois le Carlos Ghosn chinois, mais c'est un Ghosn qui ferait le boulot d'un Arnaud Montebourg avec beaucoup, beaucoup de pouvoir", résume un journaliste des Echos. Un pouvoir dont pourraient profiter par ricochet les constructeurs français.

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