Nicolas Sarkozy ne recevra pas le Dalaï lama
Considérée jusque-là comme "peu probable", la rencontre entre Nicolas Sarkozy et le Dalaï lama n'est désormais plus d'actualité. C'est un communiqué de l'Elysée qui a officialisé l'information, peu après 18h20. En ces termes : "Le président de la République comprend les raisons qui conduisent le Dalaï lama, compte tenu des circonstances présentes, à ne pas solliciter un entretien durant son séjour au mois d'août en France".
Les circonstances ? La courte visite vendredi de Nicolas Sarkozy en Chine le jour de l'ouverture des Jeux olympiques de Pékin. Un déplacement destiné notamment à "recoller les morceaux" et éclaircir le message entre les deux capitales, brouillé depuis les violences au Tibet en mars et la traversée chaotique de Paris par la flamme olympique.
Depuis le printemps, la diplomatie française a tenté de ménager les autorités chinoises, tout en donnant des gages au Tibet. Nicolas Sarkozy lui-même avait entretenu un demi-suspense sur sa présence à la cérémonie d'ouverture, considérant l'émotion planétaire suscitée par la brutalité de la répression du régime chinois. Avant d'annoncer sa venue, à la fin du sommet du G8, en tant que "président en exercice de l'Union européenne".
Mais l'Elysée avait laissé planer un léger doute sur une venue au palais présidentiel du chef spirituel des Tibétains. L'ambassadeur de Chine à Paris avait estimé qu'une telle visite provoquerait la foudre de Pékin. Ce qui lui avait valu une convocation à l'Elysée, et une réplique toute en fermeté du Président lui-même : "ce n'est pas à la Chine de fixer mon agenda".
Nouvelle étape de Realpolitik ou pas, toujours est-il que la France sera à Pékin, mais qu'elle n'accordera pas les honneurs au Dalaï lama. Même si le bref communiqué de l'Elysée en attribue la décision à ce dernier. Et la présidence d'ajouter peu après que l'épouse du chef de l'Etat, Carla Bruni-Sarkozy, "sera présente à la cérémonie religieuse présidée par le Dalaï lama qui marquera l'inauguration le 22 août d'un important temple bouddhique" à Roqueredonde, près de Lodève (Hérault).
Ironie du calendrier, l'agence Chine Nouvelle a publié aujourd'hui une interview de Nicolas Sarkozy dans laquelle le président célèbre "l'amitié historique, indéfectible et inébranlable" entre Paris et Pékin, à qui il décerne une "médaille d'or" pour l'organisation des Jeux olympiques. Dans cet entretien, les sujets sensibles des droits de
l'Homme ou du Tibet n'ont bien sûr pas été abordés.
Matteu Maestracci
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