Cet article date de plus de neuf ans.

Massacre au Pakistan : "J'ai attendu d'être fusillé, les yeux fermés"

Au lendemain de l'attaque d'une école de Peshawar, les rescapés témoignent de l'horreur de cette attaque qui a fait 141 morts, dont 132 écoliers. 

Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un étudiant blessé, entouré de deux jeunes élèves, dans un hôpital de Peshawar (Pakistan), le 16 décembre 2014.  (A MAJEED / AFP)

Un carnage sans précédent. Non seulement par son bilan - 141 victimes -, mais aussi par l'âge de ses victimes, majoritairement des élèves, âgés de 10 à 20 ans. Scolarisés dans un établissement pour enfants de militaires de Peshawar au Pakistan, 132 ont été abattus par des rebelles talibans, mardi 16 décembre. Au lendemain de ce massacre, francetv info revient sur cet assaut grâce aux témoignages de survivants.

L'attaque

Habillés avec des uniformes militaires, portant des vestes munies de ceintures d’explosifs et lourdement armés, les six assaillants sont montés sur le toit d'un camion pour franchir le mur d'enceinte de l'école. 

Des militaires pakistanais encerclent l'école avant de lancer l'assaut, mardi 16 décembre 2014, à Peshawar (Pakistan).  (KHAN RAZIQ / ANADOLU AGENCY / AFP)

Une fois dans les bâtiments, ils ont semé la panique. "Quelqu'un a aussitôt crié de nous coucher par terre et de nous cacher sous les pupitres", a ainsi raconté Shahrukh Khan à l'AFP, un rescapé interrogé sur son lit d'hôpital. Les six hommes armés ont alors crié "Allahou Akbar" (Dieu est grand) avant d'ouvrir le feu sur les enfants.

Le massacre

Vont s'en suivre des heures de cauchemar et un massacre méthodique. Les talibans passent de classe en classe pour abattre les enfants, majoritairement d'une balle dans la tête, comme l'a expliqué le ministre de l'Information de la province"Puis, l'un des talibans a crié : 'il y a un tas d'enfants cachés sous les bancs, allez les chercher'", pour les tuer, rapporte Shahrukh Khan alors qu'il assistait à une formation sur les choix de carrière dans l'auditorium de son école.

L'auditorium de l'école de Peshawar (Pakistan) après l'assaut des talibans, le 17 décembre 2014.  (FAYAZ AZIZ / REUTERS )

Le jeune homme se trouve à ce moment-là couché au sol, faisant semblant d'être mort pour tenter d'échapper aux attaquants. Terrorisé, il a alors vu un géant de près de deux mètres, "aux grosses bottes noires" se rapprocher de lui, traquant les étudiants sous les bancs. Puis, un autre insurgé lui a tiré des balles dans les deux jambes, juste au-dessus des genoux. L'adolescent s'est mordu de douleur. "J'ai retroussé ma cravate, et l'ai mise dans ma bouche pour ne pas crier. L'homme aux grosses bottes, lui, continuait de cribler de balles les étudiants. Et moi, j'étais étendu sur le sol, les yeux fermés, attendant d'être à nouveau fusillé", confie-t-il.

Certaines classes ont été complètement décimées, comme la "9", où selon une professeure sur Twitter, il n'y a qu'un seul survivant : le jeune Dawood, 15 ans. 

Le deuil des familles

C'est à l'hôpital public Lady Reading de Peshawar qu'ont afflué les victimes, puis leurs familles. Des parents inconsolables en voyant les dépouilles de leurs enfants aux uniformes trempés de sang.

Des proches pleurent la mort d'un élève de 15 ans tué dans l'attaque de l'école de Peshawar (Pakistan), le 16 décembre 2014. (ZOHRA BENSEMRA / REUTERS)

"O Dieu, pourquoi m'as-tu enlevé mon fils ? Quel péché ai-je donc commis ?", a ainsi pleuré Irshadah Bibi, 40 ans et mère d'un garçon de 12 ans tué dans l'attaque, en se frappant le visage de chagrin. Les premiers enterrements ont eu lieu dans la soirée.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.