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Le pétrole, un enjeu pour la Thaïlande

Après la fuite, le 27 juillet 2013, de plusieurs dizaines de milliers de litres de pétrole brut non loin de Samet, île du parc national de Khao Laem Ya, au large de Rayong (194 km au sud-est de Bangkok), l’ONG Greenpeace demande l'arrêt de l’exploitation pétrolière dans le golfe de Thaïlande. Mais au pays du Sourire, l’or noir a encore quelques beaux jours devant lui.
Article rédigé par Catherine Le Brech
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Plage d'Ao Phrao à Koh Samet, le 30 Juillet 2013. Des personnels de la marine thaïlandaise enlèvent le pétrole qui a souillé cette île touristique du golfe de Thaïlande. (AFP PHOTO / Nicolas ASFOURI)

Pour Ply Pirom, un reponsable local de Grenpeace, «le golfe de Thaïlande, garde-manger du pays, est depuis longtemps sous la menace de marées noires le long des voies de transport, aux points de chargement et déchargement des pétroliers ou en raison des centaines d'opérations de forages.» Ce militant écologiste évalue à plus de deux cents le nombre de déversements de pétrole en trente ans dans les eaux thaïlandaises.

Des gisements terrestres et maritimes
A l’origine de la marée noire, PTT Global Chemical (filiale de PTT, la compagnie nationale) conduit actuellement 39 opérations de forage de pétrole et de gaz naturel dans le golfe de Thaïlande. La Thaïlande importe 14,84% de pétrole brut et exporte 5,4% de carburants raffinés (mars 2013).

Les premières découvertes d’hydrocarbures remontent aux années 50 et se sont poursuivies jusque dans les années 70. Le pays compte à ce jour des concessions terrestres dans le nord, le centre et le nord-est de son territoire; et d’autres, maritimes, dans le golfe de Thaïlande (cependant plus riche en gaz qu'en pétrole) et en mer d’Andaman. De nouvelles réserves sont régulièrement mises à jour. Il n’y a pas moins de 300 plateformes pétrolières dans le golfe de Thaïlande.

Vue générale de la zone industrielle de Ta Phut, à Rayong, sur la côte est de la Thaïlande, en mars 2010. (AFP PHOTO/FILES/NICOLAS ASFOURI)

L'Etat gère et contrôle
L'Etat reste très engagé dans la prospection et la production d'hydrocarbures par l'intermédiaire de la PTT, qu'il détient à 51%.
 
Les pouvoirs publics contrôlent aussi les prix des combustibles en utilisant un fonds spécial pour taxer certains combustibles et en subventionner d'autres, comme les mélanges pétrole/éthanol (produit à partir de la canne à sucre et du tapioca) et le biodiesel (produit de l'huile de palme).
 
Une consommation de pétrole en hausse
Officiellement, la politique de Bangkok vise à concilier l’indépendance énergétique au respect de l’environnement (tourisme oblige). Mais un rapport de 2013 publié par l’Agence française de développement (AFD) montre qu’en fait, la Thaïlande s’appuie de plus en plus sur les combustibles fossiles et ce, depuis les années 90.
 
Ainsi, si le pétrole, le charbon et le gaz représentaient 56% de la consommation finale en 1990, le taux était passé à 66% en 2011. «Cette dépendance croissante aux énergies fossiles s’explique principalement par une augmentation rapide de la consommation des produits pétroliers. Depuis 1990, ils sont de loin la principale source d’énergie finale, et leur consommation finale a été multipliée par 2,8», précise l’AFD.
 
Toujours selon ce rapport, qui se réfère au Plan de développement de l’efficacité énergétique (2011-2030), «au cours des 20 prochaines années, si aucune mesure d’économie d’énergie ou d’amélioration de l’efficacité énergétique n’est mise en place, ou si la structure industrielle et le système de transport ne sont pas réformés de manière significative, la demande en énergie augmentera (…) d’environ 2,1 fois la consommation actuelle.»


Politique énergétique et mondialisation
Pour autant faut-il arrêter les forages dans le golfe de Thaïlande? Greenpeace, entre autres, le préconise et estime que la marée noire de Koh Samet devrait «inciter le gouvernement à s’interroger sur sa politique énergétique nationale basée sur l'énergie des combustibles fossiles».
 
Un appel qui risque de ne pas être entendu dans l'immédiat. En effet, les compagnies pétrolières thaïlandaises ont toujours plus d’appétit et ne se contentent plus de prospecter uniquement sur leur territoire. C'est le cas de PTTep (autre filiale de PTT), qui s'est récemment positionnée sur un gisement au large du Mozambique ou en Algérie. De nouveaux contrats qui font entrer un peu plus l'économie émergente asiatique dans le grand marché mondial de l'énergie.

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