Le Dalaï-lama s'inquiète de nouvelles violences chinoises au Tibet
Lundi dernier, le site Internet de l’association pro-tibétaine International Campaign for Tibet (ICT) a diffusé un communiqué alarmiste. "Des habitants se sont massés au monastère de Kirti pour empêcher les autorités chinoises d’emmener tous les moines âgés de 18 à 40 ans en "rééducation" (…) dans une prison".
Le communiqué raconte que les Tibétains se sont mis sur le chemin des troupes chinoises pour les empêcher de pénétrer dans ce monastère du comté de Nagba où vivent près de 2.500 moines. Les policiers les ont alors frappés et ont lâché leurs chiens dans la foule. D’après l’association, certains habitants auraient subi de "graves blessures".
Le monastère, qui était déjà sous contrôle chinois depuis un mois, est aujourd’hui presque en état de siège. "Les autorités ont bloqué l’accès au site, indique le communiqué d’ICT. Des fils de fer barbelés supplémentaires ont été installés, un mur a été construit pour encercler l’arrière du monastère. Des troupes armées bloquent les livraisons de vivres à l’intérieur du monastère, et empêchent les moines de se déplacer. Les bonzes n’ont même pas le droit de brûler de l’encens pour les rituels religieux."
Inquiétude des Etats-Unis et du Dalaï-lama
Jeudi, les Etats-Unis ont critiqué l’attitude de la Chine. Mark Toner, le porte-parole de la diplomatie américaine, a jugé que l'intervention des forces chinoises à Kirti était "en contradiction avec les principes reconnus internationalement de la liberté religieuse et des droits de l'homme". Il a ajouté que l’administration américaine était "préoccupée" après avoir abordé la question avec Pékin.
Hier, le Dalaï-lama s’est exprimé à son tour, via un communiqué. "Je suis très inquiet de cette situation qui, si on la laisse continuer, pourrait devenir explosive et avoir des conséquences catastrophiques", indique le chef spirituel du Tibet.
Dans son communiqué, le Dalaï-lama adresse un message d’apaisement à toutes les parties. "J’exhorte à la fois les moines et les tibétains laïcs à ne rien faire qui pourrait être utilisé par les autorités locales comme un prétexte pour procéder à une répression massive. (…) Je demande aussi à la communauté internationale d’inciter la Chine à faire preuve de retenue. (…) Et je demande au gouvernement chinois (...) de répondre aux griefs des Tibétains avec courage et sagesse."
Ressentiment au sein du monastère
Le monastère de Kirti est sous blocus depuis qu'un bonze de 21 ans s’y est immolé par le feu le 16 mars, à l'occasion de l'anniversaire des émeutes antichinoises de 2008 à Lhassa. "Au lieu d’éteindre les flammes, la police chinoise a roué de coups le jeune moine, indique le Dalaï-lama. Ce drame a suscité un grand ressentiment au sein du monastère."
Les tensions se sont progressivement aggravées au fil des jours. L’association ICT a relevé que "le renforcement des mesures de répression créait un climat de peur au sein de la population tibétaine de Kirti", ajoutant que plusieurs Tibétains avaient disparu depuis le 16 mars.
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