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La boxe birmane se féminise, malgré le conservatisme ambiant

Moins connu que la boxe thaï, le lethwei est un art martial birman particulièrement violent. Cette violence ne semble pas effrayer les femmes en Bimanie qui le pratiquent pour rester en forme ou pour l’autodéfense.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Une Birmane s'entraîne dans une salle de boxe à Rangoun. (Ye Aung Thu / AFP)

Une journaliste de l’AFP s’est rendue dans une ancienne salle de boxe de Rangoun aux murs décrépis. Elle y a croisé les meilleurs boxeurs du pays qui côtoyaient des amateurs assidus dont des femmes adeptes du lethwei. Un sport de «plus en plus populaire» remarque Moe Pwint Oo, étudiante en médecine en Ecosse. «Je vois beaucoup de mes amis ici. Mais je suis ici pour boxer pas pour voir des gens», explique cette jeune birmane. Derrière elle, une Japonaise s'entraîne à donner des coups de pied en rotation.
 
Les Birmans sont fiers d'affirmer que le lethwei est plus violent encore que la boxe thaïlandaise (muay thaï): les coups sont portés à mains nus et les coups à la tête autorisés. Un sport sans états d'âme: le vainqueur doit mettre son adversaire KO ou le contraindre à l’abandon. Après cinq rounds de trois minutes, si aucun combattant n'a flanché, le match est déclaré nul.
 
«Toutes les parties du corps peuvent être utilisées comme des armes», explique Win Zin Oo, fondateur du club et ancien vice président de la Fédération nationale du pays. Tous les coups sont permis, ajoute le vieil entraîneur: «coups de poing, de genou, d'épaule, de tête, on peut se lancer... ». Et les femmes se prennent au jeu.
 
Endurante aux coups, râblée et dotée d'une puissante droite, la boxeuse birmane Nwe Ni Oo est une ambassadrice de choc pour les femmes de son pays.


Conservatismes tenaces
Malgré des conservatismes tenaces après des décennies de dictature et d'isolement, la condition féminine birmane semble évoluer progressivement. Si les femmes continuent majoritairement à se couvrir jusqu'aux chevilles, les mini jupes ont fait leur apparition dans les rues birmanes, sans choquer les passants.
 
En Birmanie, pays qui sort de décennies de dictature, de plus en plus de femmes sont influentes, dans les milieux d'affaires comme en politique. La leader de l'opposition, Aung San Suu Kyi en est un exemple patent.
 
«Certaines sont vraiment très, très douées, même en terme de prises de décisions. C'est un peu injuste de dire ‘Oh les femmes sont faibles, les hommes sont forts’», affirme le vieil entraîneur. Moe Pwint Oo en est convaincue. A son retour en Ecosse, elle se remettra à la boxe thaï, très pratiquée en Europe pour «rester en forme». Adepte du lethwei, elle n'ignore pas le lien ancestral qui lie cet art martial à l’histoire de la Birmanie.

Le lethwei, art martial birman particulièrement violent, est pratiqué par de plus en plus de femmes. (YE AUNG THU / AFP)

Sur les temples de Bagan, presque millénaires, situées dans la plaine centrale du pays, les sculptures représentent des hommes au combat, souligne Win Zin Oo. Cette discipline est traditionnellement pratiquée dans les régions de l'est où des combats sont organisés lors des funérailles de moines ou pour célébrer la nouvelle année.

Lors des tournois, les spectateurs sont assis tout près des boxeurs: ils entendent le bruit des os qui claquent sous les coups et sont parfois éclaboussés par le sang, la sueur et la salive. Une passion sans limite qu'ils peuvent aussi savourer à la télévision qui retransmets les combats professionnels.

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