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Femme et pilote de chasse, un challenge au Pakistan

Au Pakistan, si quelque 4.000 femmes font partie des forces armées, la plupart travaillent dans les secteurs administratif ou médical. Ce qui n’est pas le cas d’Ayesha Farooq, jeune femme de 26 ans, qui fait figure d’exception. Elle est la seule pilote de chasse du Pakistan.
Article rédigé par Catherine Le Brech
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
Sargodha, le 6 juin 2013. Ayesha Farooq, seule femme pilote de chasse du Pakistan, ferme le cockpit de son F-7PG de fabrication chinoise.  (REUTERS/Zohra Bensemra )

Ayesha Farooq est donc une sorte d’ovni dans ce milieu éminemment masculin. Originaire de la ville de Bahawalpur, dans la province du Pendjab (nord), elle est l'une des 19 femmes devenues pilotes dans l'armée de l'air pakistanaise ces dix dernières années.

Se comparant à ses collègues masculins, la jeune femme raconte: «Je ne me sens pas différente. Nous faisons les mêmes activités, le même bombardement stratégique.»
 
«Du fait du terrorisme et de notre position géographique, c'est très important de rester sur nos gardes», estime-t-elle encore, évoquant les talibans et la montée des violences interconfessionnelles. Elle est rattachée à la base aérienne de Mushaf, située dans le district de Sargodha, dans le Penjab, à 280 kilomètres d'Islamabad.
 
«De plus en plus de femmes nous rejoignent», lance Nasim Abbas. Il est commandant de l'escadre aérienne 20 (25 pilotes, dont Ayesha), qui volent sur des F-7PG chinois. Selon lui, «c'est un sujet moins tabou. Il y a eu un changement dans la façon de penser du pays, de la société». Juste une question de temps pour l’accepter, donc.

Dans une boutique de Sargodha, au Pakistan, le 7 juin 2013, Ayesha Farooq a tombé son uniforme de pilote de chasse. (REUTERS / Zohra Bensemra)
 
Cela dit, Ayesha a dû s'opposer à sa mère, une veuve qui n'a pas fait d'études, lorsqu'elle a décidé d'entrer il y a sept ans dans les forces armées. «Dans notre société, la plupart des filles ne pensent même pas à faire ce genre de choses, comme piloter un avion de chasse», explique-t-elle.
 
Et pour cause… La forte pression familiale et le caractère masculin du métier sont dissuasifs dans ce pays de traditions, où les femmes souffrent le plus souvent d’oppression.
 
Peu vont au bout de la formation
Ainsi, elles sont nombreuses à abandonner avant la fin la formation, constatent les hauts-gradés de l'armée de l'air, selon qui les femmes pilotes optent plutôt pour des avions destinés au transport de troupes et d'équipements, plus lents que les avions de chasse.
 
Depuis dix ans, seule une poignée d’entre elles sont devenues agent de sécurité dans les avions sur les lignes commerciales ou servent dans les forces d'élite antiterroriste. Il est encore loin le chemin de la parité au Pakistan... 

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