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Etat d'urgence au Pakistan : Report sine die des législatives

Les élections législatives devaient avoir lieu en janvier prochain. Le gouvernement pakistanais a annoncé ce matin que leur organisation avait été suspendue en raison de la proclamation de l'état d'urgence. Aucune nouvelle date n'a été fixé.
Article rédigé par franceinfo
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Le président Pervez Musharraf a justifié hier soir cet état d’urgence par la lutte contre l’islamisme et des "interférences judiciaires".
Face à une communauté internationale inquiète, il dit opérer pour le bien de la démocratie. La constitution a été suspendue mais le parlement fédéral et les assemblées provinciales continuent de fonctionner.

Depuis quelque temps déjà, on prêtait au général-président l'intention de décréter l'état d'urgence, ou la loi martiale, dans l'attente de la décision de la Cour suprême sur la validation ou non de sa candidature à la présidentielle du 6 octobre dernier. Il cumulait alors les fonctions de chef de l'Etat sortant et de chef des armées. C'est chose faite aujourd'hui. La constitution a été suspendue et des restrictions ont été imposées aux médias.

Selon AP, les autorités pakistanaises ont arrêté ce matin plusieurs membres de l'opposition dont Javed Hashmi, chef en activité du parti de
l'ancien Premier ministre exilé Nawaz Sharif, dix de ses collaborateurs, et six avocats dont le secrétaire du barreau de Multan.
Des avocats ont d'ailleurs lancé un appel à la grève générale pour demain lundi.
Au total, Jusqu'à 500 personnes ont été arrêtées au Pakistan depuis l'instauration de l'état d'urgence samedi soir, annonce le Premier ministre pakistanais Shaukat Aziz.

Pervez Musharraf s'est adressé à la nation samedi soir. Il a estimé que l'instauration d'un état d'urgence était nécessaire au maintien de l'ordre dans le pays, en proie à de "graves conflits internes." La Cour suprême du Pakistan avait ordonné plut tôt dans la journée la suspension de l'état d'urgence. De son côté, le gouvernement a décidé de suivre le chef de l'Etat. Face à l'inquiétude internationale face à ses choix, Pervez Musharraf a déclaré : "S'il vous plait, n'attendez pas ou ne demandez pas le niveau de démocratie que vous avez acquis en plusieurs siècles. S'il vous plait, donnez nous le temps".

Ces dernières semaines, le pays a été confronté à une vague de violences. Depuis la mi-juillet, le Pakistan - puissance nucléaire de 160 millions de musulmans - a été ensanglanté par une vingtaine d’attentats suicide, ayant tué 420 personnes, perpétrés par des islamistes ou attribués à cette mouvance radicale.

Le pire attentat suicide de l’histoire du Pakistan a frappé Karachi, dans le sud du pays, le 18 octobre, tuant 139 personnes, le jour du retour de huit ans d’exil de l’ex-Premier ministre Benazir Bhutto.
Mme Bhutto avait déclaré mercredi soir craindre l’instauration de "l’état d’urgence" et avait annulé tous ses déplacements à l’étranger. Elle est revenue sur sa décision jeudi et a quitté le Pakistan pour Dubaï où résident ses enfants et sa mère. Elle s’est apparemment envolée aujourd’hui pour rejoindre le Pakistan et continuer de "lutter pour la démocratie" aurait-elle déclaré.
L'ex-Premier ministre Sharif a quant à lui réclamé la démission de Musharraf en fin d'après-midi.
_ Imran Khan, l'un des dirigeants de l'opposition pakistanaise, a été placé en résidence surveillée après l'annonce du président Musharraf.

La plus haute juridiction du pays doit statuer avant le 12 novembre sur la légalité de la réélection de M. Musharraf. Son mandat prend officiellement fin le 15 novembre.

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