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En Chine, la presse censurée par les "parapluies de Pékin"

Le vingtième anniversaire de la répression du “printemps de Pékin” dans la nuit du 3 au 4 juin 1989 a été marqué par la lourde censure exercée par le régime communiste chinois. De nombreux dissidents ont été muselés. Sur la place Tiananmen, cœur des évènements, le régime a utilisé une méthode originale pour perturber le travail des journalistes : le coup du parapluie.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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  (Radio France Copie d'écran Shangaiist)

En fait de “sœurs jumelles, nées sous le signe des gémeaux”, des séides du régime chinois, sans doute policiers, pratiquant une étrange “danse de la caméra” sous le nez des reporters.
_ Pour empêcher les journalistes étrangers de faire leurs reportages sur les lieux, ils ont en effet recours au parapluie. La méthode : marquer les cameramen à la culotte, en se plaçant entre leurs objectifs et le journaliste qui présente son reportage, de façon à masquer la vue.

Les vidéos de ce “coup du parapluie” version chinoise sur le blog shangaiist.

Défendue par un portique de sécurité, quadrillée de policiers en uniforme et en civil, la place Tiananmen était fermée au public. Et malgré des documents d'identité et des autorisations de travailler en règle, la correspondante de Radio France à Pékin, Dominique André, n'a pas eu plus de chance que ses confrères de la télévision.

Ce dispositif a dissuadé toute tentative de commémoration, alors qu'elle a été massivement célébrée à Hong-Kong.
_ Pour l'occasion, de nombreux dissidents ont été muselés. Certains ont été assignés à résidence, d'autres ont été emmenés de force en dehors de la capitale, comme Qi Zhiyong, qui a perdu la jambe gauche dans la répression de 1989 : “Tous les jours, c'est dans une voiture de police que je dois emmener ma fille à l'école mais, aujourd'hui, après l'avoir accompagnée, la police a refusé de me laisser sortir de la voiture ”, a expliqué le dissident dans un texto. “Ils sont en train de me conduire hors de Pékin. Ils vont saisir mon téléphone ”, a-t-il eu le temps d'ajouter, avant qu'il ne devienne impossible de le joindre.

La répression du “printemps de Pékin”, dans la nuit du 3 au juin 1989, a fait des centaines et peut-être des milliers de morts dans la population de Pékin et parmi les étudiants qui campaient sur la place Tiananmen, espérant que le régime communiste desserre l'étau politique autour du pays, après s'être partiellement converti à l'économie de marché.
_ Après sept semaines de contestation, les chars avaient envahi les rues de la capitale.

La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a appelé les autorités chinoises à publier les noms des personnes tuées, disparues ou arrêtées lors de la répression de 1989. Mais le sujet reste tabou en Chine ou chaque année, le “6-4”, le 4 juin, est très tendu.

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