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Corée du Sud: le «chaebol» Samsung englué dans un vaste scandale de corruption

Lee Jae-Yong, l'héritier du groupe Samsung, attend sa mise en examen officielle qui doit intervenir avant le 28 février 2017. Son placement en détention provisoire, le 17 février, a provoqué une onde de choc dans les rangs du «chaebol» (puissante multinationale familiale) qui pèse un cinquième de l'économie sud-coréenne.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Le patron de facto de Samsung, Lee Jae-Yong, 48 ans, est accusé entre autres d'avoir versé près de 40 millions de dollars de pots-de-vin à la confidente de l'ombre de la présidente Park Geung-Hye, en contrepartie de faveurs politiques. (STR / YONHAP / AFP)

Samsung Electronics se remettait à peine de la débâcle du rappel planétaire de son Galaxy Note 7 aux batteries explosives, quand un autre tsunami, judiciaire cette fois, a balayé le plus grand conglomérat de Corée du Sud. Ce dernier se serait montré très généreux envers la confidente de l'ombre de la présidente Park Geung-Hye, en contrepartie de faveurs politiques. Le vice-président du groupe, Lee Jae-Yong, 48 ans, est accusé entre autres d'avoir versé à celle-ci près de 40 millions de dollars de pots-de-vin. 

C'est donc menotté et ligoté, dans son impeccable costume bleu marine, qu'est apparu à Séoul, le 18 février 2017, l'héritier du plus grand conglomérat de Corée du Sud. Lee Jae-Yong venait de quitter sa prison, où il a passé sa première nuit, pour se rendre au bureau des procureurs spéciaux chargés de l'enquête. Celle-ci porte sur le vaste scandale corruption ayant conduit à la destitution parlementaire de la présidente sud-coréenne.
 

Samsung a donné 40 milliards de pots-de-vin 
Celui dont la fortune est estimée à 6 milliards de dollars est soumis au même régime que tous les autres prisonniers en attente de leur jugement. Comme eux, il porte un uniforme, mange principalement du riz et de la soupe, le tout servi sur un plateau qu'il doit lui-même nettoyer, couche sur un matelas dépliable. Seul priviliège: le vice-président de Samsung est seul dans sa cellule de 6,27 m2. Un traitement de faveur réservé aux dignitaires, selon la presse locale.

Dans cette même prison se trouve aussi Choi Soon-Sil, l'amie de 40 ans de la présidente. Surnommée «Raspoutine», elle est soupçonnée d'avoir contraint les grands groupes industriels sud -coréens à «donner» près de 70 millions de dollars à des fondations douteuses placées sous son contrôle. 

M. Lee a déjà été interrogé plusieurs fois dans cette affaire. Il y a un mois, il avait échappé de justesse à une arrestation, la justice ayant estimé que les preuves contre lui n'étaient pas assez solides. Son groupe est soupçonné, entre autres, d'avoir versé près de 40 millions de dollars de pots-de-vin à la confidente de l'ombre de la présidente en contrepartie de faveurs politiques. 

Nouveau revers pour la présidente Park 
La détention de M. Lee représente également un revers pour la présidente, destituée le 9 décembre par l'Assemblée nationale. La Cour constitutionnelle doit décider de valider ou non sa destitution et pourrait rendre sa décision aux environs du 10 mars. En cas de confirmation, une présidentielle anticipée devra se tenir sous 60 jours. Dans le cas contraire, Mme Park récupérerait ses pouvoirs exécutifs et achèverait son mandat comme prévu en février 2018.

Le tribunal a refusé de délivrer un second mandat d'arrêt contre un autre cadre de Samsung, qui dirige également la Fédération équestre de Corée. Il a jugé son rôle minime dans le versement à Mme Choi de plusieurs millions d'euros, sous couvert de financer en Allemagne les entraînements sportifs de cavaliers sud-coréens, dont fait partie la fille de Mme Choi.

La corruption, une pratique familiale qui se perpétue
Lee Kun-hee, père de Lee Jae-Yong, et son grand-père, Lee Byng-chull, qui ont tous deux dirigé Samsung, avaient déjà eu des démêlés avec la justice sud-coréenne pour des affaires de corruption et d'évasion fiscale mais sans jamais aller en prison. En 2014, M. Lee était devenu de facto le patron du groupe et de ses 60 filliales après une crise cardiaque de son père.

Les enquêteurs cherchent à savoir si les versements de Samsung ont servi à acheter le feu vert du gouvernement à la fusion controversée de deux de ses unités, Cheil Industries et C&T, en 2015. Cette opération avait été dénoncée avec force par certains actionnaires qui estimaient que C&T avait été délibérément sous-évaluée. Mais la Caisse nationale de retraites, important actionnaire de Samsung sous tutelle du ministère des Affaires sociales, avait soutenu ce rapprochement.

Les mastodontes sud-coréens exportent à travers le monde des voitures (Hyundai, Kia), des navires (Hyundai Heavy) ou encore de l'électronique (Samsung, LG). Mais, revers de la médaille, ils ont aussi été l'une des principales causes de la crise financière de 1997-98 en Corée du Sud, en raison de leurs dettes faramineuses accumulées pour financer leur expansion, selon Geopolis.

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