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Pourquoi la Malaisie affirme que le Boeing disparu s'est abîmé en mer

Les explications de Nicolas Chateauneuf, journaliste scientifique à France 2. 

Article rédigé par Ariane Nicolas - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Des soldats indonésiens participent aux recherches pour retrouver le Boeing de Malaysia Airlines disparu au-dessus du détroit de Malacca, le 12 mars 2014. (MAXPPP)

Bientôt la fin d'un mystère de plus de deux semaines ? La Malaisie a annoncé aux familles des 239 passagers, lundi 24 mars, que le Boeing de la Malaysia Airlines porté disparu depuis le 8 mars était tombé dans l'océan Indien. Une affirmation faite sans preuve matérielle tangible, les recherches se poursuivant dans l'océan. Pourquoi les enquêteurs sont-ils sûrs que l'avion s'est abîmé en mer ? L'éclairage de Nicolas Chateauneuf, journaliste scientifique à France 2.

Qu'est-ce qui a mis les enquêteurs sur la piste de l'océan Indien ?

Nicolas Chateauneuf : Un peu plus d'une heure après le décollage du Boeing, quelqu'un à bord de l'appareil a désactivé les transpondeurs et les systèmes de message Acars [des équipements qui transmettent diverses informations telles que la localisation de l'appareil, son altitude, mais aussi une éventuelle panne, une anomalie...]. On ignore qui a fait cela. Cependant, l'avion n'a pas pour autant été coupé du monde. Il possédait un dispositif émettant des "bips" toutes les heures, ce qui lui a permis d'être repéré par un satellite de communication. Les enquêteurs ont analysé les données de ce satellite britannique, Inmarsat, et ont découvert que l'appareil avait continué d'émettre pendant 7 heures.

Comment ont été obtenues ces données satellite ?

Le satellite Inmarsat date des années 90. Il ne dispose pas de moyens GPS pour localiser l'avion. Il a donc fallu recouper les échanges d'informations et les retravailler sur ordinateur. Pour faire simple, les enquêteurs ont isolé le signal du Boeing en supprimant tous les autres signaux émis par les autres avions circulant au même moment. Puis ils ont observé la vitesse à laquelle ce signal a été capté puis retourné par le satellite. Grâce à l'effet Doppler, on peut en effet déterminer la distance qui sépare un émetteur d'un récepteur en mouvement. Là, on parle de millionièmes de secondes... Toutes ces recherches ont nécessité un gros travail d'analyse d'une précision remarquable. Elles sont fiables et définitives.

Et quelles avancées ces informations ont-elles fournies ?

Ces données ont permis de définir deux corridors, l'un allant vers le nord de la Malaisie et l'autre vers le sud. Le corridor Nord a vite été écarté, car des satellites au sol auraient repéré l'avion. Tous les efforts se sont donc concentrés sur le corridor Sud. Et ils ont porté leurs fruits. Des images satellite récentes montrent, mercredi, la présence de 122 débris qui appartiendraient à l'avion, dans une zone de 400 kilomètres carrés située à environ 2 500 km de Perth (Australie). Cette découverte appuie la thèse que l'avion s'est abîmé dans cette zone.

L'avion a-t-il pu atterrir ou amerrir dans cette zone ?

Atterrir, impossible. Les îles les plus proches, l'archipel des Kerguelen, sont situées à au moins 2 000 km de la zone d'impact supposée repérée par les autorités. Un amerrissage paraît tout aussi improbable : la zone se trouve dans les quarantièmes rugissants [zone de vents violents et de mer agitée]. Or, se poser doucement en mer requiert des conditions météo et de houle très favorables, ce qui n'était pas le cas. 

En admettant que les autorités trouvent la carcasse ou des débris de l'avion, que pourraient-ils nous apprendre sur le crash ?

En récupérant les débris, on verra comment l'avion s'est abîmé en mer : s'il a d'abord explosé en vol ou non. Une des priorités est aussi de retrouver les boîtes noires, qui cesseront d'émettre dans une dizaine de jours. Mais à supposer qu'on mette la main dessus, elles ne pourront, de toute façon, pas tout révéler du mystère de ce vol.

Pour quelles raisons ?

Il existe deux types de boîtes noires dans un avion. L'une rassemble les données sur les 25 dernières heures de l'appareil, avec tous les paramètres du vol. L'autre enregistre les conversations dans le cockpit, mais ne garde que les deux dernières heures seulement. Or, si les pilotes étaient déjà inconscients ou endormis au moment du crash, en cas d'incendie dans l'appareil par exemple, il est possible qu'aucune conversation n'ait été enregistrée. On ne saura peut-être jamais pourquoi le vol MH370 a tracé tout droit dans l'océan Indien après avoir fait demi-tour près de la Malaisie.

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