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Australie: plus de 2000 agressions dans les camps de réfugiés

Les demandeurs d’asile exilés sur l’île de Nauru par l’Australie subissent de graves atteintes aux droits humains, dénoncent dans un rapport commun Human Rights Watch et Amnesty international. Cette politique de «l’accueil zéro» des réfugiés et leur rétention dans un pays tiers est de plus en plus dénoncé, y compris par l’opposition australienne.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Manifestation, le 26 février 2016, à Melbourne réclamant que les réfugiés puissent rester sur le continent. (ASANKA BRENDON RATNAYAKE / ANADOLU AGENCY)

L’Australie mène une politique «d’accueil zéro» des réfugiés. Les bateaux de migrants arraisonnés sont systématiquement refoulés. Et les migrants qui parviennent à poser le pied sur l’île sont donc envoyés dans les camps. L'Australie a accepté de financer tous les frais associés à la détention extraterritoriale et au traitement des demandeurs d'asile et des réfugiés. Elle a dépensé 415 millions de dollars australiens (environ 280 millions d'euros) pour ses activités à Nauru.
 
Le contexte
Depuis 2012, un accord lie l’Australie à la petite ile de Nauru. Ce petit territoire indépendant de 10.000 habitants, ruiné par l’exploitation anarchique des phosphates, accueille un camp où vivent 1200 demandeurs d’asile selon Human Rights Watch (HRW). Ils vont séjourner dans ce camp pendant l’examen de leur demande. Il existe deux autres implantations  de ce genre, sur l’île australienne de Christmas et sur l’île de Manus qui appartient à la Papouasie Nouvelle-Guinée.
 
 
La situation
L’existence de ces camps est régulièrement dénoncée par les ONG. En mai 2016, le HCR réclamait, suite à une visite des camps, des conditions humaines et des soins appropriés pour les réfugiés de Nauru et Manus. Des tentatives de suicide, des automutilations sont pour Catherine Stubberfield du HCR, «des résultats de détention prolongée, symptomatiques du fait que les gens ont perdu espoir». D’ailleurs, selon HRW, les réfugiés sont détenus pour la plupart depuis trois ans.
 
Deux enquêteurs de Human Rights Watch et d’Amnesty international ont pu déjouer la surveillance des gardes et se rendre sur l’île de Nauru. Ils ont questionné 84 réfugiés vivant dans le camp. Ils ont qualifié leurs conditions de vie de «carcérales». Fouille par les gardiens des tentes, et confiscation d’objets interdits y compris les vivres. L’hygiène est plus que sommaire, douche de deux minutes et toilettes «immondes».
 
Le Guardian a publié une liste de plus de 2000 cas d’agression de réfugiés sur l’île. La moitié des cas concerne des enfants. Cette publication a relancé la polémique en Australie.
 
Les réactions
Comme à l’accoutumé, le gouvernement australien a rejeté ces accusations. Il parle de mensonges de la part des réfugiés dans le but d’être rapatriés sur le continent. «Certaines personnes sont allées jusqu'à l'automutilation, d'autres se sont immolées en vue d'entrer en Australie. De toute évidence, certains ont fait de fausses déclarations», a déclaré Peter Dutton, le ministre de l’Immigration.
 
Mais le sursaut pourrait venir du Sénat australien qui devrait ouvrir une enquête sur les accusations d’agressions sexuelles sur les enfants. Les travaillistes semblent pouvoir obtenir les cinq voix qui leur manquent pour obtenir cette enquête parlementaire. Bill Shorten, le chef du Parti travailliste, souhaite pour sa part aller au bout des choses:«Il y a trop de témoignages pour simplement mettre la poussière sous le tapis».
 
Mais rien ne dit que la politique de l’Australie changera pour autant.

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