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"Des armes se retrouvent dans les mains des mauvaises personnes" : le débat sur le port d'armes relancé en Nouvelle-Zélande

Le gouvernement néo-zélandais veut réformer depuis longtemps la loi sur le port d'armes, dans un pays où elles s'achètent en libre-service. Les massacres perpétrés dans les deux mosquées de Christchurch vendredi ont remis le sujet au centre du débat.

Article rédigé par franceinfo - Carrie Nooten, édité par Noémie Bonnin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
  (MARTY MELVILLE / AFP)

La Première ministre de Nouvelle-Zélande Jacinda Ardern a réaffirmé lundi 18 mars que la loi sur les armes à feu allait être modifiée. La chef du gouvernement profite en quelque sorte de la vague d’émotion nationale suscitée par les attentats de Christchurch, qui ont fait 50 morts vendredi 15 mars, pour imposer ce que l’État a échoué à faire à trois reprises ces dix dernières années.

Des armes en libre-service

Si la culture des armes est très développée en Nouvelle-Zélande, elle l’est surtout parce qu’une grande majorité de la population vit en milieu rural et fermier. Les armes se trouvent facilement, en libre-service. Les propriétaires de magasins d’armes sont assez décomplexés.

David Tipple est le propriétaire de la chaîne Gun City qui vend pistolets et fusils depuis 40 ans. Il a fourni des armes au suspect principal : "J’ai informé la police que Gun City avait vendu quatre armes de catégorie A au tueur présumé. Toutes les ventes faites à cet individu l'ont été en ligne et ont été recoupées avec la base de données de la police. Nous n’avions rien remarqué de particulier à propos du détenteur du port d’armes. Les armes de style militaire qui ont apparemment été utilisées par le tireur n’ont pas été vendues par Gun City."

Des permis très facilement délivrés

Les Néo-Zélandais pro-armement se pensent "raisonnables" – le contexte, il est vrai, n’a rien à voir avec celui des États-Unis. Pourtant, une polémique pointe : il semblerait que les permis de port d’armes soient très facilement octroyés. Le journaliste de l’Otago Daily Times George Block enquêtait sur l’armement et venait de recevoir des données compilées de l’administration. Il a trouvé le réel taux d’attribution des ports d’arme à feu : "La police du district du sud, où résidait le suspect des attaques terroristes, a remis des ports d’armes à feu à 99% des personnes qui les réclamaient, chaque année depuis cinq ans et à 98% des postulants les dix dernières années."

Le journaliste complète : "Cela a poussé un militant anti-armement à réclamer des restrictions plus strictes et un processus de cooptation plus rigoureux. Selon lui, trop de gens y accèdent et des armes se retrouvent dans les mains des mauvaises personnes." La cheffe du gouvernement est bien consciente du dilemme que cela posera aux fermiers et a promis qu'elle prendrait conseil. Elle pourrait s'inspirer de l'Australie voisine, qui a réformé ses lois sur l'armement il y a 20 ans, justement après un massacre de masse.

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