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Afghanistan: Abdullah Abdullah jette l'éponge

Si le second tour est vraiment organisé samedi prochain, le président afghan sortant Hamid Karzaï sera seul en lice. Abdullah Abdullah qui avait obtenu un peu plus de 30% des voix au premier tour a annoncé ce matin qu'il ne participerait pas au second tour de l'élection présidentielle. Mais il a indiqué qu'il n'appelait pas ses partisans à boycotter le scrutin. Il leur a demandé de ne pas descendre manifester dans la rue.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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  (Radio France ©REUTERS/ Ahmad Masood)

Lors d'un meeting avec ses partisans, Abdullah Abdullah a été clair: “Pour protester contre le mauvais comportement du gouvernement et de la Commission électorale indépendante (IEC), je ne participerai pas à l'élection du 7 novembre”.

Les conditions posées par l'ancien ministre des Affaires étrangères pour qu'il maintienne sa candidature au deuxième tour des présidentielles ont été rejetées par le pouvoir. Abdullah avait réclamé lundi le renvoi du chef de l'IEC, chargée de l'organisation et du comptage du scrutin, considérée comme pro-Karzaï, et la suspension de trois ministres qui avaient fait campagne pour son adversaire Hamid Karzaï. Abdullah Abdullah avait précisé samedi qu'il se retirerait si ces demandes n'étaient pas satisfaites.

«La décision... n'a pas été facile. C'est une décision que j'ai prise
après de nombreuses consultations, avec le peuple d'Afghanistan, mes partisans, des leaders influents».

Fraudes massives au premier tour

Hamid Karzaï se retrouve donc seul en lice pour le scrutin. Il avait
rassemblé 49,67% des voix au premier tour, contre 30,59% à Abdullah Abdullah. Le premier tour avait été entaché de violences, d'une faible participation (38,7%) et surtout de fraudes massives en faveur d'Hamid Karzaï. Un quart des bulletins de vote avaient été annulés pour cette raison.

«J'ai pris cette décision pour les droits du peuple, pour le processus
démocratique, pour sauver nos traditions, pour les martyrs (tués dans les violences du premier tour, ndlr), pour la destinée et l'ambition de la nation», a indiqué Abdullah.

Pas d'appel au boycott

Le camp Abdullah n'a pas pour autant demandé aux électeurs de boycotter le deuxième tour. L'ancien ministre des Affaires étrangères a appelé la population «à ne pas descendre dans la rue, ne pas faire de manifestations» , alors que les craintes de violences sont fortes. De son côté, le camp adverse supportant Karzaï estime qu'il faut aller au bout du scrutin. “Nous pensons que l'élection doit se tenir, le processus doit s'achever”, a
déclaré dimanche Wahid Omar, le porte-parole de campagne de Hamid Karzaï. “Il faut donner au peuple d'Afghanistan le droit de voter”, a-t-il ajouté.

Le retrait du candidat de l'opposition affaiblit considérablement la légitimité du président sortant Hamid Karzaï. Une légitimité qui dépendra du taux de participation au second tour. «Il y aura un second tour. La loi stipule que si aucun candidat n'obtient 50% plus une voix (au premier tour, ndlr), il doit y avoir un second tour entre les deux premiers candidats», a assuré dimanche à l'AFP Daoud Ali Najafi, un des membres de la Commission indépendante électorale.

Selon des sources diplomatiques, l'éventualité du retrait d'un candidat au second tour n'est pas prévue dans la constitution. Il reviendrait alors à la Cour suprême, considérée comme pro-Karzaï, de décider ou non de ce deuxième tour.

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