Armes chimiques en Syrie : Ban Ki-moon dénonce "un crime de guerre"
Les experts qui avaient passé près de deux semaines en Syrie à la fin du mois d'août ont rendu dimanche le rapport de leur enquête au secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon.
Un document important puisqu'il confirme dès sa première page que des armes chimiques ont bien été utilisées "sur une échelle relativement grande " au cours du conflit syrien, "contre des civils, y compris des enfants ". Les experts se sont penchés sur l'attaque du 21 août, et affirment que du gaz sarin a été employé contre des rebelles dans cet assaut qui a fait selon Washigton plus de 1.400 victimes.
"Les faits parlent d'eux-mêmes (...) La mission des Nations
unies a désormais confirmé sans équivoque et de manière objective que des armes
chimiques ont été utilisées en Syrie". (Ban Ki-moon)
Lors de la présentation du texte devant le Conseil de sécurité de l'ONU, Ban Ki-moon a évoqué un "crime de guerre " et a réclamé que les responsables de cet assaut "rendent des comptes ".
Du gaz sarin lors de l'attaque du 21 août
Au cours de leurs investigations en Syrie, les enquêteurs des Nations unies ont relevé des "preuves flagrantes " de l'utilisation de gaz sarin le 21 août dernier. Le texte ne désigne cependant pas directement les responsables de cette tuerie, le mandat des enquêteurs ne prévoyant pas qu'ils puissent se prononcer sur cette question.
Lundi, Laurent Fabius a déclaré que le rapport des experts de l'ONU ne laissait "aucun doute " sur l'origine de l'attaque du 21 août, estimant que ce rapport "renforçait la position de
ceux qui ont dit que le régime est coupable ".
Un avis partagé par Washington et Londres. "Les informations dans ce rapport, indiquant que du gaz sarin a été lancé
au moyen de fusées sol-sol que seul le régime possède, montre clairement qui
est responsable " de cette attaque a affirmé lundi le porte-parole de l'exécutif
américain, Jay Carney, tandis que la Grande-Bretagne jugeait la responsabilité de Bachar al-Assad "extrêmement claire ".
De son côté, Moscou continue de considérer les rebelles comme les auteurs de ces frappes pour faire accuser Damas et provoquer l'intervention militaire des puissances occidentales.
D'autres sites à inspecter
Au cours de leurs recherches, les enquêteurs de l'ONU ont prélevé de nombreux échantillons de sang, d'urine ou de fragments de projectiles pour les analyser dans quatre laboratoires européens. Ils ont également interrogé plus de 50 survivants, et ont constaté une "gamme de symptomes " comme des essoufflements, des pertes de connaissance, des irritations oculaires ou des nausées.
Le rapport explique que "les échantillons environnementaux, chimiques et médicaux recueillis fournissent des preuves flagrantes et convaincantes
que des roquettes sol-sol contenant du gaz sarin ont été utilisées à Ein Tarma,
Mosdamiyeh et Zamalka dans la Ghouta " le
21 août.
"Cette conclusion nous inquiète au plus haut point" (Inspecteurs des Nations unies)
Le texte publié aujourd'hui évoque également trois autres sites en Syrie qui auraient dû faire l'objet d'une enquête mais qui n'ont finalement pas pu être inspectés, les enquêteurs se concentrant sur les lieux du massacre du 21 août : Khan al-Assal (au nord du pays), Cheikh Maqsoud (un faubourg d'Alep) et Saraqueb, près d'Idlib (nord-ouest).
L'ONU, qui a publié l'intégralité de ce texte (en anglais), a annoncé son intention de renvoyer si possible ses experts sur ses sites pour terminer leurs investigations.
Paris, Londres et Washington sur une ligne de fermeté
Une réunion durant laquelle les ministres des Affaires étrangères français, britannique et américain ont présenté le projet de résolution qu'ils ont défini à l'Elysée lundi matin, et qui doit définir un "calendrier précis " pour le démantèlement de l'arsenal chimique du régime de Bachar al-Assad. Le rapport des enquêteurs de l'ONU devrait permettre à ces pays de maintenir leur pression sur le régime syrien.
De son côté, Ban Ki-moon a demandé au Conseil de Sécurité une "résolution claire ". Se référant à l'accord américano-russe sur le désarmement chimique en
Syrie conclu samedi à Genève, il a rappelé que celui-ci prévoyait que si Damas refusait de respecter ses engagements, "le Conseil de sécurité devrait
appliquer des mesures sous chapitre 7 de la Charte de l'ONU ". Un chapitre qui prévoit des sanctions pouvant aller jusqu'à l'usage de la force si un pays ne
respecte pas une décision du Conseil.
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