Reportage "On ne se laissera pas gagner par la peur" : en Argentine, les étudiants manifestent pour défendre l'enseignement supérieur public

Des centaines de milliers de personnes ont manifesté pour protester contre la décision du président argentin de ne pas augmenter le budget versé aux universités.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Manifestation à Buenos Aires, mardi 23 avril. (LUCIANO GONZALEZ / ANADOLU)

Mobilisation massive, mardi 23 avril, en Argentine pour défendre l’enseignement supérieur public. 500 000 personnes se sont rassemblées selon les organisateurs - 150 000 pour la police - pour protester contre la décision du président argentin Javier Milei de verser le même budget qu’en 2023 aux universités. Alors qu’avec une inflation de près de 300%, les facultés auraient besoin de quatre fois plus pour fonctionner normalement.

Sur la Place de Mai, à Buenos Aires, des centaines de milliers de personnes de tous bords idéologiques, de tous âges. Au beau milieu de la foule, Paula, étudiante en sociologie : "Je suis inquiète et en colère. Mais on a de la force pour lutter. L’Argentine a renversé des dictatures, les femmes ont conquis le droit à l’avortement. On ne se laissera pas gagner par la peur que le gouvernement veut nous imposer."

"Tout est réduit au minimum"

Sur les réseaux sociaux, Milei a qualifié les manifestants de "gauchistes endoctrinés". Mais ils ne se sont pas découragés, comme Vanina Toscano, professeure à la faculté de médecine, fatiguée par les conditions d’enseignement : "Il n’y a pas d’argent pour des bourses d’étudiants ou de chercheurs, ni pour l’électricité, la clim, le chauffage. Tout est réduit au minimum. Dans tous les domaines, on subit les conséquences."

L’université de Buenos Aires, fondée en 1821, a vu passer des présidents et des Prix Nobel. Mais le prestige ne paye pas les factures et, sans argent, les facultés pourraient fermer. Camila, étudiante en 4e année de médecine s'inquiète : "Je suis très énervée et angoissée. Parce que nous sommes nombreux à être enfants de travailleurs. Si la fac ferme, on perd la possibilité d’accéder à une éducation gratuite et de qualité. Moi, par exemple, je devrais arrêter mes études de médecine."

Toucher à l’éducation publique semble être la limite des Argentins. D’après les sondages, 85% de la population condamne la décision de Milei, dont la popularité a brusquement baissé, quatre mois seulement après son élection.

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