Après avoir plaidé coupable pendant toute la procédure, le responsable de 15.000 exécutions demande l'acquittement
Douch, 67 ans, de son vrai nom Kaing Guek Eav, a pris la parole une dernière fois vendredi à son procès en reconnaissant les crimes sous les Khmers rouges, avant d'arguer qu'il n'était pas un haut responsable du régime de Pol Pot et qu'il échappait donc aux compétences de cette juridiction.
"Je voudrais que la chambre me libère", a-t-il déclaré.
L'attitude de Douch laisse désarçonnne le tribunal
Douch dirigeait la prison de Tuol Sleng dans laquelle environ 15.000 personnes ont été torturées avant d'être exécutées sous le régime des Khmers rouges.
Le président du tribunal, Nil Nonn, a questionné l'ancien bourreau pour tenter de faire la lumière sur ce brutal changement d'orientation dans sa défense, en lui demandant s'il ne voulait pas plutôt que les juges tiennent compte des dix ans de détention provisoire qu'il a déjà effectués depuis son arrestation.
Mais Douch a confirmé: "je voudrais que la chambre me libère et vous demande, s'il vous plaît, de permettre à mon co-avocat, Kar Savuth, de dire quelques mots". Me Savuth, qui avait déjà surpris la cour jeudi en réclamant l'acquittement, a ensuite confirmé cette demande.
Cette démarche, immense coup de théâtre alors que le procès touchait à sa fin, est en contradiction absolue avec le comportement de Douch depuis le début de l'instruction, lorsqu'il avait choisi de coopérer avec la justice et avait indiqué accepter par avance n'importe quelle peine.
Elle rend aussi totalement caduque la plaidoirie de l'avocat français de Douch, Me François Roux, qui s'était désolidarisé jeudi de son confrère cambodgien et avait demandé à l'accusation de tenir compte des aveux et des remords de son client pour alléger sa peine.
40 ans de prison requis contre Douch
Une peine de 40 ans de réclusion a été requise à l'encontre de Douch, jugé pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité pour avoir dirigé la prison, aussi connue sous le nom de S-21, entre 1975 et 1979.
Environ deux millions de Cambodgiens, soit un quart de la population, sont morts sous la torture, d'épuisement ou de malnutrition pendant cette période, avant que le régime des khmers rouges ne soit renversé par l'invasion vietnamienne.
Le pays tout entier avait sombré dans le chaos et la déchéance, par la seule volonté du régime de Pol Pot de revenir à "l'année zéro", laver les cerveaux, vider les villes, éliminer les ennemis réels ou supposés du régime.
Le verdict est attendu début 2010.
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