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Antonio Guterres inaugure son mandat à la tête de l'Onu par un appel à la paix
Le Portugais Antonio Guterres a pris le 1er janvier les rênes des Nations unies succédant au Sud-Coréen Ban Ki-moon pour un mandat de cinq ans. Premier ancien chef de gouvernement à diriger l'ONU, le Portugais, 67 ans, a été élu à l'unanimité à la tête de l'organisation internationale. Il a inauguré son mandat par un appel à la paix.
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Le tout nouveau secrétaire général de l'Onu a débuté son mandat sur twitter. Antonio Guterres s'est servi du réseau social pour faire son premier discours sous la bannière des Nations unies. «En cette Journée du Nouvel An, je vous demande à tous de vous joindre à moi pour faire une résolution partagée: Faisons de 2017 une année pour la paix».
Avant de passer la main à son successeur Antonio Manuel de Oliveira Guterres, le secrétaire général sortant de l’ONU avait fait un surprenant aveu d’impuissance.
«La tragédie syrienne nous déshonore tous. L'échec collectif de la communauté internationale devrait hanter tous les membres de ce Conseil», avait déclaré Ban Ki-moon, le 21 septembre 2016, au lendemain d’une attaque meurtrière contre un convoi humanitaire à destination d’Alep.
Une sonnette d'alarme à l’attention de celui qui avait été Premier ministre du Portugal durant sept ans, puis haut-commissaire des Nations Unies pour les réfugiés durant dix ans, qui hérite aujourd’hui de multiples dossiers demeurés insolubles.
Le nouveau patron de l'ONU, un «marteau-piqueur parlant»
Agé de 67 ans, Antonio Guterres est ingénieur de formation. Croyant et pratiquant, il milite très tôt dans les rangs de la Jeunesse universitaire catholique avant de rejoindre les rangs du Parti socialiste et de prendre part à la «révolution des œillets» de 1974, qui avait mis fin à cinquante ans de dictature dans son pays.
Surnommé «le marteau-piqueur parlant» pour ses talents d’élocution, il devient secrétaire général du PS, puis Premier ministre après sa victoire aux législatives de 1995. Battu aux élections de 2001, il reste président de l’Internationale socialiste avant de prendre la tête du Haut commissariat aux réfugiés de l’ONU jusqu’en 2015.
D’allure affable mais le regard vif et le discours agile, il revendique cette dernière expérience comme «un privilège énorme d’avoir travaillé durant dix ans dans des situations dramatiques avec les gens les plus vulnérables dans le monde.»
Antonio Guterres fait de la Syrie sa priorité
Une période au cours de laquelle il a été au contact avec la crise syrienne, ouverte en mars 2011, et dont il dit qu'elle sera sa priorité. Ce qui lui permet également d’expliquer les limites de l’action de l’ONU et de formuler, en théorie, les moyens d’y remédier.
C’est évident que le secrétaire général des Nations Unies n’a pas le pouvoir d’arrêter une guerre. Il n’a pas une armée capable de faire quoi que ce soit dans cette situation», explique-t-il dans un entretien avec France 24.
«Ce qu’il peut faire, avec une énorme détermination, une énorme patience, une énorme volonté, c’est les efforts de persuasion nécessaires pour faire que ceux qui sont les acteurs essentiels de cette crise puissent comprendre qu’il faut se mettre ensemble pour la terminer.»
Pour cela, Antonio Guterres a l’énorme avantage d’avoir réussi à réunir sur la photo de famille, lors de sa désignation, les quinze représentants des pays du Conseil de sécurité. C'est-à-dire, entre autres, les ambassadeurs russe et américain à couteaux tirés sur la Syrie.
Il a même été reçu par le président Vladimir Poutine au Kremlin le 24 novembre 2016 qui lui a assuré que «la Russie, en tant que membre-fondateur de l'ONU, s'est prononcée et se prononcera toujours pour le renforcement du rôle central (des Nations unies) dans les affaires internationales, la résolution des conflits, la lutte pour les droits de l'Homme».
Une rencontre très diplomatique au cours de laquelle l’ancien Haut-commissaire aux réfugiés a dit pour sa part reconnaître «pleinement le rôle de la Russie, non seulement dans le cadre de l’ONU, mais aussi dans tous les aspects des relations internationales.»
Les migrants, l'autre casse-tête du nouveau patron de l'ONU
Des propos de nature à apaiser le président russe, mais sans aucune garantie d’impact sur la crise syrienne, ou même libyenne. Toutes les deux génératrices d’un flux ininterrompu de migrants, l’autre casse-tête du nouveau secrétaire général de l’ONU.
Sur cette question le successeur de Ban Ki-moon a déjà quelques idées, exprimées lors de la rencontre Europe vision summit, organisée à Lisbonne, le 22 novembre 2016, par huit laboratoires d’idées européennes.
«La migration n’est pas le problème, mais la solution», avait-il déclaré en préambule d’un discours dans lequel il a rappelé que «les vrais régulateurs des mobilités internationales, ce sont les passeurs et les organisations criminelles».
Pour lui, il faut «développer des opportunités d’immigration légale, seule façon de lutter contre les réseaux criminels». Son objectif, bâtir des frontières sensibles au besoin de protection des personnes et partager le fardeau de la crise migratoire.
Conscient de la difficulté de la tâche au vu des opinions, il précise qu’«il faut convaincre que la migration est inévitable et que les sociétés multiethniques, multiculturelles et multireligieuses qui se construisent sont une richesse.»
Moraliser les forces de maintien de la paix
Quant aux autres tâches qui l’attendent, il se dit prêt à poursuivre les réformes en cours aux Nations Unies, notamment pour faire en sorte que «les ressources soient de moins en moins affectées à la bureaucratie et de plus en plus consacrée à l’action et aux besoins des peuples et des pays».
Concernant les 100.000 Casques bleus déployés pour le maintien de la paix dans le monde, il n’exclut pas de redéfinir la capacité de leurs mandats «pour donner à ces forces des capacités d’action élargies», tout en respectant le principe d’impartialité de l’ONU.
En revanche, et en raison de nombreux scandales et bavures commises par certains membres de ces forces, travailler avec les Etats membres à ce qu’ils ne bénéficient d’aucune impunité. Son objectif: garantir l’autorté morale de ces forces pour que «les gens, quand ils voient un drapeau bleu, puissent se sentir protégés».
— António Guterres (@antonioguterres) 1 janvier 2017
Let us make 2017 a year for peace. pic.twitter.com/UAnGtlfsaf
Avant de passer la main à son successeur Antonio Manuel de Oliveira Guterres, le secrétaire général sortant de l’ONU avait fait un surprenant aveu d’impuissance.
«La tragédie syrienne nous déshonore tous. L'échec collectif de la communauté internationale devrait hanter tous les membres de ce Conseil», avait déclaré Ban Ki-moon, le 21 septembre 2016, au lendemain d’une attaque meurtrière contre un convoi humanitaire à destination d’Alep.
Une sonnette d'alarme à l’attention de celui qui avait été Premier ministre du Portugal durant sept ans, puis haut-commissaire des Nations Unies pour les réfugiés durant dix ans, qui hérite aujourd’hui de multiples dossiers demeurés insolubles.
Le nouveau patron de l'ONU, un «marteau-piqueur parlant»
Agé de 67 ans, Antonio Guterres est ingénieur de formation. Croyant et pratiquant, il milite très tôt dans les rangs de la Jeunesse universitaire catholique avant de rejoindre les rangs du Parti socialiste et de prendre part à la «révolution des œillets» de 1974, qui avait mis fin à cinquante ans de dictature dans son pays.
Surnommé «le marteau-piqueur parlant» pour ses talents d’élocution, il devient secrétaire général du PS, puis Premier ministre après sa victoire aux législatives de 1995. Battu aux élections de 2001, il reste président de l’Internationale socialiste avant de prendre la tête du Haut commissariat aux réfugiés de l’ONU jusqu’en 2015.
D’allure affable mais le regard vif et le discours agile, il revendique cette dernière expérience comme «un privilège énorme d’avoir travaillé durant dix ans dans des situations dramatiques avec les gens les plus vulnérables dans le monde.»
Antonio Guterres fait de la Syrie sa priorité
Une période au cours de laquelle il a été au contact avec la crise syrienne, ouverte en mars 2011, et dont il dit qu'elle sera sa priorité. Ce qui lui permet également d’expliquer les limites de l’action de l’ONU et de formuler, en théorie, les moyens d’y remédier.
C’est évident que le secrétaire général des Nations Unies n’a pas le pouvoir d’arrêter une guerre. Il n’a pas une armée capable de faire quoi que ce soit dans cette situation», explique-t-il dans un entretien avec France 24.
«Ce qu’il peut faire, avec une énorme détermination, une énorme patience, une énorme volonté, c’est les efforts de persuasion nécessaires pour faire que ceux qui sont les acteurs essentiels de cette crise puissent comprendre qu’il faut se mettre ensemble pour la terminer.»
Pour cela, Antonio Guterres a l’énorme avantage d’avoir réussi à réunir sur la photo de famille, lors de sa désignation, les quinze représentants des pays du Conseil de sécurité. C'est-à-dire, entre autres, les ambassadeurs russe et américain à couteaux tirés sur la Syrie.
Il a même été reçu par le président Vladimir Poutine au Kremlin le 24 novembre 2016 qui lui a assuré que «la Russie, en tant que membre-fondateur de l'ONU, s'est prononcée et se prononcera toujours pour le renforcement du rôle central (des Nations unies) dans les affaires internationales, la résolution des conflits, la lutte pour les droits de l'Homme».
Une rencontre très diplomatique au cours de laquelle l’ancien Haut-commissaire aux réfugiés a dit pour sa part reconnaître «pleinement le rôle de la Russie, non seulement dans le cadre de l’ONU, mais aussi dans tous les aspects des relations internationales.»
Les migrants, l'autre casse-tête du nouveau patron de l'ONU
Des propos de nature à apaiser le président russe, mais sans aucune garantie d’impact sur la crise syrienne, ou même libyenne. Toutes les deux génératrices d’un flux ininterrompu de migrants, l’autre casse-tête du nouveau secrétaire général de l’ONU.
Sur cette question le successeur de Ban Ki-moon a déjà quelques idées, exprimées lors de la rencontre Europe vision summit, organisée à Lisbonne, le 22 novembre 2016, par huit laboratoires d’idées européennes.
«La migration n’est pas le problème, mais la solution», avait-il déclaré en préambule d’un discours dans lequel il a rappelé que «les vrais régulateurs des mobilités internationales, ce sont les passeurs et les organisations criminelles».
Pour lui, il faut «développer des opportunités d’immigration légale, seule façon de lutter contre les réseaux criminels». Son objectif, bâtir des frontières sensibles au besoin de protection des personnes et partager le fardeau de la crise migratoire.
Conscient de la difficulté de la tâche au vu des opinions, il précise qu’«il faut convaincre que la migration est inévitable et que les sociétés multiethniques, multiculturelles et multireligieuses qui se construisent sont une richesse.»
Moraliser les forces de maintien de la paix
Quant aux autres tâches qui l’attendent, il se dit prêt à poursuivre les réformes en cours aux Nations Unies, notamment pour faire en sorte que «les ressources soient de moins en moins affectées à la bureaucratie et de plus en plus consacrée à l’action et aux besoins des peuples et des pays».
Concernant les 100.000 Casques bleus déployés pour le maintien de la paix dans le monde, il n’exclut pas de redéfinir la capacité de leurs mandats «pour donner à ces forces des capacités d’action élargies», tout en respectant le principe d’impartialité de l’ONU.
En revanche, et en raison de nombreux scandales et bavures commises par certains membres de ces forces, travailler avec les Etats membres à ce qu’ils ne bénéficient d’aucune impunité. Son objectif: garantir l’autorté morale de ces forces pour que «les gens, quand ils voient un drapeau bleu, puissent se sentir protégés».
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