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Venezuela: le sort de Nicolas Maduro entre les mains de l'opposition?
L'opposition vénézuélienne ronge son frein. Après avoir conquis pour la première fois depuis 16 ans la majorité absolue aux législatives du 6 décembre 2015, elle est contrainte à une cohabitation peu pacifique avec le président Nicolas Maduro, le successeur d'Hugo Chavez. Réunie au sein de la coalition Table de l'unité démocratique (MUD), elle réfléchit à une stratégie capable de le renverser.
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Les antichavistes se sont donné six mois pour trouver un mécanisme constitutionnel qui permettrait d'évincer Maduro et de mettre fin à la «Révolution socialiste bolivarienne», mise en place en 1999 par le très populaire Hugo Chavez. La procédure est aujourd'hui rendue possible grâce à la majorité des deux-tiers obtenue par l'opposition au Parlement, lors des dernières législatives.
Selon son chef de file, Henrique Capriles, interrogé par Reuters, les vainqueurs de décembre, coalition hétéroclite allant de la gauche dite progressiste à la droite dure adepte du coup de poing, n'ont que quelques semaines pour accorder leurs violons. «Il faut trouver une position commune. L'horloge tourne (...) et nous ne pouvons pas attendre au-delà du premier trimestre», a prévenu le gouverneur, deux fois candidat à l'élection présidentielle. Il espère un résultat dès l'été, sachant que le mandat du président socialiste court jusqu'en 2019.
M.Capriles a ainsi appelé à convoquer au plus vite un référendum révocatoire contre le président socialiste ou à réformer la Constitution pour réduire la durée de son mandat.
Obligation de réunir les signatures de 20% des électeurs
Conformément à la loi vénézuélienne, un référendum révocatoire peut être organisé à partir de la moité du mandat du président en exercice. Nicolas Maduro sera à mi-mandat le 19 avril 2016. Pour ce faire, une pétition signée par 20% des électeurs, soit 3,9 millions de personnes, est nécessaire.
L'un des partis de l'opposition antichaviste de la MUD a déposé un projet d'amendement constitutionnel pour réduire de deux ans le mandat de M.Maduro et convoquer ainsi des élections à la fin 2016 ou début 2017. Le président de l'Assemblée nationale, Henry Ramos Allup, s'est prononcé en faveur de cette option.
De son côté, Nicolas Maduro, d'abord sonné par la victoire de l'opposition – sa formation, le Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV), hégémonique depuis 1999, ne compte plus que 55 députés – assure depuis qu'il empêchera toute tentative de le pousser vers la sortie et de lui enlever la présidence du pays.
Ne pas «faire dérailler le beau chemin de la révolution»
«Le peuple va-t-il permettre que l'oligarchie, qui a pris le contrôle de l'Assemblée nationale à cause de la confusion d'une partie de notre peuple, prenne aussi le pouvoir politique à Miraflores?», résidence des présidents du Venezuela, a demandé M.Maduro à des milliers de ses partisans réunis à Caracas, mettant ouvertement en cause la légitimité de la nouvelle majorité parlementaire.
Lors de cette cérémonie commémorant la tentative de coup d'Etat d'Hugo Chavez le 4 février 1992, le chef de l'Etat vénézuélien, debout sur une estrade près du palais présidentiel, n'a à aucun moment laissé la moindre place à l'ouverture: «Le peuple ne doit pas permettre que l'oligarchie fasse dérailler le beau chemin de la révolution».
Le Venezuela traverse sa première crise institutionnelle depuis 16 ans. Ce blocage politique, entre un gouvernement mené par le socialiste Nicolas Maduro et un Parlement dominé par l'opposition, se double d'une crise économique profonde (720% d'inflation attendus en 2016!) dans ce pays pétrolier, dont les réserves sont les plus importantes du monde, miné par la chute des cours du brut.
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