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Venezuela : Le commerce de la mort, un marché florissant à Caracas
Publié le 27/02/2014 15:49
Mis à jour le 28/02/2014 14:09
Temps de lecture : 1min
Des manifestations meurtrières secouent le Venezuela depuis le 4 février. Elles ont commencé à San Cristobal pour dénoncer l'insécurité. Le sentiment que partagent de nombreux Vénézuéliens est que la vie, dans leur pays ne vaut plus grand-chose.
Ce constat, le photographe Carlos Garcia Rawlins a pu le faire après avoir passé plus d’un an à travailler dans le secteur funéraire (cimetières, pompes funèbres, usines de cercueils ou petits commerces…). Le marché de la mort, un secteur en pleine expansion, est des plus rentables.
Après de nombreuses discussions et négociations, le photographe a été autorisé à accompagner des familles lors de funérailles. Il a pu également obtenir l’autorisation pour suivre des travaux d’autopsie, d'embaumement et de crémation des corps.
Grâce à ce travail , Carlos Garcia Rawlins a découvert la réalité de la violence et de l’insécurité au Venezuela, et particulièrement à Caracas. Ces phénomènes, qui plongent dans l’inquiétude des millions de citoyens, étaient les thèmes majeurs de la campagne du nouveau président Nicolas Maduro, élu en 2013.
19 photos prises à Caracas entre novembre 2012 et janvier 2014 illustrent ce propos.
il était impossible de connaître les chiffres des homicides commis dans le pays. Pour des raisons électorales, le gouvernement ne voulait pas que la montée exponentielle des crimes puisse être connue de la population. (REUTERS / Carlos Garcia Rawlins)
son ministère de l’Intérieur a enfin communiqué ses données. 16.000 homicides dont 92 % avec des armes à feu avaient eu lieu en 2012.
(REUTERS / Carlos Garcia Rawlins)
des pays où le nombre d’homicides est le plus élevé, derrière le Honduras et le Guatemala. Pourtant, les ONG et l’Observatoire vénézuélien de la violence accusent l’Etat de minimiser encore ce chiffre. Pour eux, ce n’est pas 55 mais 73 homicides pour 100.000 habitants qui sont les données les plus proches de la vérité. (REUTERS / Carlos Garcia Rawlins)
elle obtient la médaille d’or de la ville la plus dangereuse du monde avec un décompte macabre de 122 crimes pour 100.000 habitants. Miguel Rodriguez, l’actuel ministre de l’Intérieur qui a mis en place le plan «Homeland Security», a estimé que le chiffre (lui aussi contesté) avait diminué en 2013, passant à 39 pour 100.000. (REUTERS / Carlos Garcia Rawlins)
repris par Le Monde, «reconnaît que les autorités ont pris des initiatives positives, comme le programme "mission A Toda Vida Venezuela", l'Université nationale expérimentale de la sécurité ou la campagne pour le désarmement.» Mais cela reste insuffisant, «car ce type d'actions doit s'insérer dans une politique générale de valorisation de la vie et de respect pour les règles et la loi, une politique d'union des Vénézuéliens». (REUTERS / Carlos Garcia Rawlins)
et de l’insécurité, le problème ne peut pas être lié uniquement aux gangs, nettement moins importants que ceux du Honduras ou du Salvador. Les conflits meurtriers entre cartels de la drogue, également moins nombreux qu’au Mexique ou en Colombie, n’offrent pas non plus une explication suffisante. (REUTERS / Carlos Garcia Rawlins)
cela n’a pas empêché aux vols à main armée, aux enlèvements et aux meurtres d’être en augmentation constante.
(REUTERS / Carlos Garcia Rawlins)
chercheur à Paris III, cité par l’Express, la manne pétrolière, très inégalement redistribuée dans le pays est l'une des causes de cette violence. La richesse du pétrole a été accaparée par une minorité, ce qui a entraîné un taux de corruption élevé au sein même du système judiciaire et de la police. Le spécialiste du Venezuela ajoute que la violence est sans doute aussi un effet secondaire du Plan Colombie de lutte contre le narcotrafic, mis en œuvre avec l'appui des Etats-Unis.
( REUTERS / Carlos Garcia Rawlins)
Les explosions de violence ne sont pas rares dans les prisons. Des centaines de morts y sont dénombrés chaque année. (REUTERS / Carlos Garcia Rawlins)
l'impunité quasi-totale des meurtriers (90% ne sont pas arrêtés), et les vengeances des victimes qui se font justice elles-mêmes (exécutions et lynchages) seraient d’autres explications de ce fléau. (REUTERS / Carlos Garcia Rawlins)
l’insécurité reste le problème majeur ses concitoyens. Les classes moyennes et supérieures ont peur, et certains des quartiers où elles résident se transforment en des lieux fantômes dès 20h. (REUTERS / Carlos Garcia Rawlins)
Dans le bidonville de Petare, un quartier de Caracas, trois à quatre blessés par balles sont conduits à l'hôpital du secteur chaque jour. (REUTERS / Carlos Garcia Rawlins)
grillent les feux rouges pour éviter de subir un carjacking (vol de voiture avec menaces ou violence sur le conducteur). (REUTERS / Carlos Garcia Rawlins)
sont un phénomène qui se développe de façon inquiétante. Des personnes sont kidnappées quelques heures, le temps que leurs familles paient une rançon. Près de 600 ont été enregistrés en 2012. (REUTERS / Carlos Garcia Rawlins)
découragent les expatriés de faire venir leurs enfants au Venezuela. La British School de Caracas ne compte que quelques jeunes Britanniques. La plupart des élèves sont issus de familles riches locales qui les font accompagner aux portes des établissements par des gardes du corps, en voitures blindées. (REUTERS / Carlos Garcia Rawlins)
dans la presse vénézuélienne, est celui de l’ancienne reine de beauté et actrice, Monica Spear. Elle et son mari ont été tués dans une embuscade alors qu’ils étaient en voiture avec Lance, leur fille de cinq ans. La fillette est devenue un symbole national contre le crime. (REUTERS / Carlos Garcia Rawlins)
malgré leur marché en pleine croissance, c’est le manque de respect pour les morts. Lors des veillées funèbres, il est possible de voir des bagarres éclater ou d’entendre des coups de feu. (REUTERS / Carlos Garcia Rawlins)
à faire un détour par leur quartier pour rendre un dernier hommage à la victime. Si le conducteur refuse, il lui braque un revolver sur la tempe pour l’obliger à changer d’itinéraire. (REUTERS / Carlos Garcia Rawlins)
dans laquelle se trouve le pays depuis février 2014, risque d’accentuer cette violence. (REUTERS / Carlos Garcia Rawlins)
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