Reportage "C’est comme s’il y avait eu une bombe atomique" : le désespoir des Chiliens touchés par les feux les plus meurtriers de l’histoire du pays

La région de Valparaiso, sur le littoral central du Chili est toujours en état d’urgence lundi matin. Le Chili a décrété deux jours de deuil national en raison des incendies forestiers qui ont frappé plusieurs zones urbaines, semant la mort et la désolation.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Vue aérienne d'un quartier de Viña del Mar sur le littoral chilien, dévasté par le feu, le 4 février 2024. (RODRIGO ARANGUA / AFP)

Des quartiers d'habitations entiers dévastés, des voitures calcinées, près de 26 000 hectares réduits en cendre... Il s’agit des incendies les plus meurtriers jamais enregistrés au Chili. Depuis vendredi, ils ravagent la région côtière touristique de Valparaiso dans le centre du pays et ont fait au moins 122 morts selon un dernier bilan lundi 5 février alors que les pompiers continuent de combattre une quarantaine des dizaines pour permettre les évacuations, la circulation des secours, mais aussi pour éviter les pillages.

Des centaines de familles ont tout perdu : leurs affaires et leurs maisons ont complètement été dévorées par les flammes. C’est le cas notamment de Marcela qui montre à la télévision chilienne l’ampleur des dégâts.

"Indescriptible"

Deux murs noircis tiennent encore debout mais au sol il n’y a qu’un amas de tôles, seul son four n’a pas été complètement brûlé. "C’est comme s’il y avait eu une bombe atomique. C’est indescriptible, personne ne réalise vraiment ce qui s’est passé", raconte Marcela qui a encore en tête les "flammes gigantesques" dans la rue, à l’arrivée de l’incendie.

"Des voisins sont morts brûlés en essayant de s’échapper."

Marcela

à franceinfo

Le journaliste chilien qui se tient à ses côtés indique que le frère de Marcela fait partie des victimes. "Mon frère c’était le pilier de notre famille, acquiesce-t-elle, la voix serrée. Mais il faut continuer à vivre, mon frère a toujours été un combattant. Il nous a laissé cet enseignement : il faut pouvoir se relever face à l’adversité".

La piste intentionnelle n’est pas écartée

La solidarité s’organise dans les communes les plus touchées, des voisins aident à déblayer, d’autres offrent de la nourriture ou distribuent de l’eau, car beaucoup de ces familles affectées se trouvaient déjà dans une situation fragile avant l’incendie qui les a frappées. "Les premiers secteurs à avoir été touchés sont des habitations précaires qui se sont installées illégalement en périphérie de la ville, et qui sont très exposés sur ces versants avec des arbres sensibles au feu, explique Joan Saavedra, urbaniste à Valparaiso. Cette première ligne a été affectée puis les flammes ont avancé jusqu’à des quartiers plus formels". C’est dans l’un de ses quartiers que vivent Joan et sa famille. Ils ont vu passer le feu tout près de leur maison. "L’incendie était à 300 mètres de notre quartier résidentiel et on a dû évacuer."

Dimanche en fin de journée quelques foyers étaient encore actifs, le gros des incendies ayant été contrôlé par les pompiers après des heures de lutte contre les flammes. Des enquêtes ont été ouvertes pour déterminer l’origine de ces feux, et la piste intentionnelle n’est pas écartée.

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