Cet article date de plus de douze ans.

Primaires républicaines : Mitt Romney a gagné une bataille, mais la guerre sera longue

L'ex-gouverneur du Massachusetts a conforté sa position de favori en remportant de quelques voix, devant Rick Santorum, le caucus de l'Iowa, premier test pour les prétendants à l'investiture républicaine. Mais cette victoire est loin d'être déterminante.

Article rédigé par Marion Solletty
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Le candidat à l'investiture républicaine Mitt Romney devant ses supporters le 3 janvier 2012 à Des Moines, Iowa (Etats-Unis). (RICK WILKING / REUTERS)

Mitt Romney est satisfait, Rick Santorum jubile. Le favori et son challenger surprise sont les grands gagnants du caucus de l'Iowa, première étape du processus à l'issue duquel doit être désigné le candidat du "Grand Old Party" à la présidentielle américaine. Seules huit voix les séparent (sur plus de 120 000), Mitt Romney arrivant en tête, dans les résultats définitifs rendus publics mercredi 4 janvier.

L'ex-gouverneur du Massachusetts est-il pour autant assuré de remporter la mise ? A l'inverse, Rick Santorum, presque inconnu il y a quelques semaines, a-t-il une chance de faire face à Barack Obama en novembre ? Rien n'est moins sûr. Voici pourquoi.

• Parce que les primaires sont un marathon

L'Iowa fait toujours l'objet d'une attention particulière car il constitue le premier test de popularité des candidats. Mais d'ici à la convention nationale républicaine qui adoubera le candidat du parti fin août à Tampa Bay, en Floride, la route est longue.

Dans l'Iowa, seuls 28 délégués sont en jeu sur les plus de 2 000 qui constituent le corps électoral désignant le candidat républicain. Chaque Etat qui se prononcera dans les mois qui suivent possède un nombre défini de délégués, et donc de voix à la convention nationale. Ils sont répartis entre les candidats proportionnellement à leur score, comme c'est le cas dans l'Iowa, ou attribués en totalité au vainqueur. L'enjeu de cette première manche est donc limité.

Si Rick Santorum, par exemple, a pu créer la surprise dans l'Iowa grâce à une campagne de terrain acharnée (il a cumulé 266 visites dans l'Etat depuis juin 2011, selon le Washington Post, contre seulement 28 pour Mitt Romney), il n'a pour l'instant pas les moyens financiers et humains de tenir la distance.

• Parce que l'histoire montre que l'Iowa n'est pas faiseur de rois

Historiquement, le vainqueur de l'Iowa n'a pas toujours été le vainqueur tout court, loin de là. En 2008, c'est Mike Huckabee qui avait remporté cet Etat, mais c'est John McCain qui avait fini par porter les couleurs de son parti. Comme l'explique Roger Simon, éditorialiste politique en chef pour le site Politico (en anglais), "les caucus de l'Iowa servent davantage à éliminer les perdants qu'à désigner les gagnants".

Si arriver premier n'apporte pas d'avantage déterminant, effectuer une contre-performance peut s'avérer fatal pour les moins solides. "Après les caucus de l'Iowa, les candidats les plus performants ou les plus déterminés restent dans la course et se dirigent vers l'Etat du New Hampshire (...). Les autres commencent à plier bagage", résume Jonathan Mann pour CNN (en anglais).

Le gouverneur du Texas Rick Perry en fait l'amère expérience : en chute continue dans les sondages après avoir brièvement mené la course pendant l'été, il a annoncé qu'il rentrait mercredi dans son fief pour "étudier" l'opportunité de continuer, après avoir décroché une décevante cinquième place.

• Parce que l'électorat n'y est pas représentatif

Rural et faiblement peuplé, l'Iowa, petit Etat du centre des Etats-Unis, ne constitue pas un échantillon représentatif de l'électorat américain en général, et de l'électorat républicain en particulier. Le Washington Post (infographie en anglais) relève ainsi que les participants au caucus de 2008 étaient en moyenne plus religieux et plus conservateurs que dans d'autres Etats.

C'est notamment un bastion des évangéliques (60 % des participants), raison pour laquelle un candidat comme Rick Santorum, très religieux, a pu y enregistrer un score bien supérieur à sa cote au niveau national.

La région, très agricole, est aussi en partie épargnée par les difficultés économiques qui touchent le reste du pays et qui pèseront dans le scrutin. Comme le résume CNN (en anglais), "une victoire dans l'Iowa ne prédit pas grand-chose (...), tant cet Etat est petit, rural, blanc et, en ce moment, riche".

• Parce que la compétition s'annonce très rude

Cette année, les premiers résultats sont à prendre avec d'autant plus de prudence que ces derniers mois laissent présager une course particulièrement serrée, où le favori d'hier est rarement celui de demain. 

A l'exception de Mitt Romney, les prétendants ont joué au yoyo dans les sondages. Rick Perry, Herman Cain (désormais hors course), Newt Gingrich ont tous réalisé une percée avant de voir leur cote brutalement retomber. Une animation originale de Slate (en anglais) illustre bien ce phénomène pour l'Iowa. Chaque candidat est représenté par un cheval dont l'avancée sur le champ de course dépend de sa position dans les sondages au fil du temps. L'effet est saisissant : les chevaux vont et viennent sur la piste dans une course folle.

Une étude de l'institut Gallup (en anglais) estime même que "cette phase du processus de nomination républicain est la plus volatile pour le 'Grand Old Party' depuis l'avènement des sondages". Autant dire que la route est encore longue.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.