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Primaire du New Hampshire : à chaque candidat son objectif

Mitt Romney veut achever la concurrence, Newt Gingrich désespère de rebondir, Jon Huntsman aimerait enfin percer... Les républicains en lice pour l'investiture attendent beaucoup du deuxième rendez-vous des primaires, mardi. 

Article rédigé par Marion Solletty
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Le candidat à l'investiture républicaine Newt Gingrich lors d'un meeting à Concord, dans le New Hampshire (Etats-Unis), le 4 janvier 2012. (REUTERS / MIKE SEGAR)

Après les plaines rurales de l'Iowa, direction les élégantes campagnes du New Hampshire. Les républicains y votent mardi 10 janvier pour la première primaire stricto sensu de la course à l'investiture pour la présidentielle américaine. Mitt Romney a remporté la semaine précédente la première étape, en devançant de quelques voix Rick Santorum. Mais les autres prétendants n'ont pas dit leur dernier mot : bien souvent, les électeurs du New Hampshire prennent un malin plaisir à contredire leurs homologues de l'Iowa. Jon Huntsman, Newt Gingrich et Ron Paul espèrent bien tirer leur épingle du jeu.

Le New Hampshire, moins religieux et moins conservateur que l'Iowa, est l'occasion pour les plus modérés de montrer leur plein potentiel. Les représentants de l'aile droite, eux, se doivent de faire bonne figure en attendant la Caroline du Sud, qui leur est plus favorable. Tous n'ont pas le même point de départ, mais chacun a son objectif.

• Mitt Romney : écraser la concurrence

Personne ne risque grand-chose à prédire une victoire de Mitt Romney dans le New Hampshire. Si le palmarès final est encore inconnu, le nom du vainqueur fait peu de doute. L'ex-gouverneur du Massachusetts est crédité d'au moins 35 % des voix dans les derniers sondages, qui le placent tous à plus de 20 points d'un éventuel challenger. 

Mitt Romney joue à domicile, ou presque : le New Hampshire, situé dans le nord-est des Etats-Unis, est voisin du Massachusetts, son fief électoral. Le candidat y possède même une résidence secondaire au bord du lac Winnipesaukee, dans la coquette ville de Wolfeboro. Mitt Romney y a en outre mené une campagne soutenue et très bien organisée.

Pour lui, l'enjeu n'est pas de gagner mais de creuser l'écart sur ses adversaires. Un score très élevé lui permettrait de porter un coup fatal à la concurrence. Premiers visés : ses rivaux de l'aile modérée, qui jouent sur le même terrain que lui.

• Rick Santorum : transformer l'essai

Quelques jours après sa percée dans l'Iowa, Rick Santorum sait qu'il joue serré. Il n'a que très peu de fonds en réserve et doit profiter de l'élan, le fameux momentum, donné par son triomphe au caucus.

Le candidat peut au mieux espérer une troisième ou quatrième place dans cet Etat moins en phase avec ses idées très conservatrices, mais un score honorable rassurerait les bailleurs de fonds éventuels. La nouvelle coqueluche du vote religieux aura besoin d'eux pour s'attaquer à la Caroline du Sud, où son rival Rick Perry est déjà en campagne. 

• Jon Huntsman : percer enfin

Depuis des mois, Jon Huntsman attend son heure. L'ex-gouverneur de l'Utah a toujours stagné autour de 3 % dans les sondages au niveau national. Son moment de gloire pourrait être arrivé : après une bonne performance aux débats du week-end, sa cote bénéficie d'une soudaine embellie. Certains comparent déjà sa trajectoire à celle de Rick Santorum, grimpé au sommet des sondages quelques jours avant le caucus de l'Iowa.

Le candidat à l'investiture républicaine Jon Huntsman a fait sensation en montant sur le bar pour s'adresser à la foule dans un café de Hampstead, dans le New Hampshire, le 8 janvier 2012. (CJ GUNTHER / EPA / MAXPPP)

L'ex-diplomate n'a pas caché son bonheur après avoir rencontré une foule enthousiaste dimanche sur le terrain. "Un élan est en train de naître dans cet Etat et nous sommes passés du fond du peloton (...) aux toutes premières places de la course. Chaque heure change un peu plus la donne. Je ressens cette énergie", s'est-il réjoui devant les journalistes d'ABC News

Après avoir purement et simplement sauté le caucus de l'Iowa, Jon Huntsman récolte les fruits d'une campagne très ciblée sur le New Hampshire : il y a fait deux fois plus de déplacements que tous ses adversaires, selon cette infographie du New York Times (en anglais).

Pour justifier son choix, il avait lâché : "L'Iowa sait cueillir le maïs, le New Hampshire sait choisir les présidents"... Il lui reste à espérer avoir raison : pour ce républicain modéré, c'est "maintenant ou jamais" l'occasion de percer, rappelle le Washington Post (article en anglais).

• Newt Gingrich : rebondir

Newt Gingrich a déjà connu les sommets, mais s'en est très vite éloigné. En tête des sondages début décembre, le candidat a succombé au feu nourri du camp Romney dans l'Iowa. Une campagne de clips très négatifs rappelant les vicissitudes de sa longue carrière l'a laissé sur le tapis.

Un temps chantre de la "campagne positive", celui que beaucoup considèrent comme le rival le plus sérieux de Mitt Romney a décidé de répliquer. Il a plusieurs fois attaqué le parcours de businessman de Romney pendant les débats du week-end, et ses soutiens ont mis 5 millions de dollars sur la table pour diffuser en Caroline du Sud un film de 27 minutes dénonçant les agissements passés de son adversaire à la tête du fonds d'investissement Bain Capital.

Plus conservateur que Mitt Romney, Newt Gingrich compte davantage sur la Caroline du Sud que sur le New Hampshire, mais un bon score lui permettrait de rétablir sa crédibilité comme alternative n° 1 au favori. Il peut au moins compter sur le soutien de l'influent quotidien conservateur local The Union Leader, qui a multiplié les tribunes enflammées en sa faveur.

• Ron Paul : être pris au sérieux

Théoriquement, Ron Paul est le deuxième favori du New Hampshire : la grande majorité des sondages le placent deuxième. En pratique, les candidats comme les médias se soucient peu de son cas.

Le candidat à l'investiture républicaine Ron Paul à Durham, dans le New Hampshire, le 6 décembre 2012. (SHANNON STAPLETON / REUTERS)

Trop isolé idéologiquement au sein du parti républicain, ce libertarien n'est pas considéré comme un prétendant sérieux pour l'investiture. Mais une bonne performance aux primaires (il est arrivé troisième dans l'Iowa avec 21,4 % des voix) lui permet de promouvoir ses idées et de peser davantage dans la balance. A défaut d'être le candidat, son soutien et celui de son mouvement compteront le moment venu. 

• Rick Perry : préparer la suite 

Rick Perry n'attend pas grand-chose du New Hampshire : il est déjà passé à l'étape suivante, la Caroline du Sud, qui votera le 21 janvier. Pour lui, le temps que dépensent dans le New Hampshire ses adversaires, en particulier Rick Santorum, est autant de gagné en Caroline du Sud, où il espère capter l'électorat évangélique et conservateur. 

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