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Pedro Pablo Kuczynski, un «gringo» à la tête du Pérou
A l’issue du premier tour, il n’avait obtenu que 21% des voix contre 39% à Keiko Fujimori. Mais Pedro Pablo Kuczynski, PPK pour ses supporteurs, a remonté le handicap pour terminer avec 50,12% des suffrages. Soit seulement 40.000 voix d’avance. Il aura fallu quatre jours pour dépouiller, et recompter, les bulletins. Portrait de celui que les Péruviens surnomment le gringo.
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Discret, très discret. Pedro Pablo Kuczynski est le cousin du cinéaste Jean-Luc Godard. Franco-Helvétique par sa mère, il garde ce goût de la discrétion dont les Suisses ont fait leur fortune bancaire. En musique, il n’a pas choisi non plus l’exubérance en jouant de la flûte traversière, instrument pour lequel il excelle. Beaucoup de Péruviens lui préfèrent l’image de son père, Maxime. Ce dernier avait trouvé refuge au Pérou pour fuir l’antisémitisme nazi, et travaillait comme médecin dans une lèproserie amazonienne.
PPK est discret, à tel point que personne ne le voyait remporter l’élection présidentielle. Largement distancé au premier tour, Kuczynski a beaucoup travaillé pour casser son image austère d’ancien banquier d’affaires à Wall Street. Et cela a fini par payer.
Mais s’il lui faut attendre l’âge de 77 ans pour accéder à la fonction suprême, il n’est pas novice en politique. Ministre de l’Energie dans les années 1980, il fût ensuite détenteur du portefeuille de l’Economie sous la présidence d’Alejandro Toledo (2001-2006), avant de terminer Premier ministre.
En 2011 déjà, il tente sa chance une première fois à la présidentielle, tout comme Keiko Fujimori. Malgré tout, il rejette l’image de professionnel de la politique. «Je ne suis pas un homme politique,» déclare-t-il en 2011 « je suis un économiste qui veut faire quelque chose pour son pays».
Faire quelque chose, mais quoi ? «PPK» passe pour un gringo aux yeux de ses concitoyens, ce qui, en Amérique du sud, n’est pas une preuve de grande confiance. Héritage à la fois de sa vie professionnelle aux Etats-Unis, et de ses deux mariages américains, il possède la double nationalité. Mais le gringo ne se veut pas un libéral pur et dur.
«Ni davantage d’Etat, comme le propose “Keiko” (Fujimori), ni privatisations, mais une gestion plus efficace des services publics ». « Le Pérou a besoin d’une révolution sociale permettant à tous d’avoir accès à l’eau, à l’électricité, au gaz », a déclaré M. Kuczynski lors du second débat télévisé, dimanche 29 mai, rapporte Le Monde. Il entend tout de même, en bon libéral, réduire les impôts. Et espère créer trois millions d’emplois en combinant investissement public et privé.
Il dispose de quatre années pour y arriver.
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