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Obama fait-il un choix stratégique en s'occupant des victimes de Sandy ?

Mitt Romney est déjà reparti en campagne mercredi, contrairement au président-candidat.

Article rédigé par Louis San
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Barack Obama, à la Croix Rouge, à Washington (Etats-Unis), le 30 octobre 2012. (JEWEL SAMAD / AFP)

OURAGAN SANDY - Comment doit réagir un candidat à la présidentielle quand survient un énorme événement qui bouleverse l'agenda ? La campagne pour la présidentielle américaine a été suspendue plusieurs jours pendant que l'ouragan Sandy ravageait la côte est du pays, et notamment New York.

La course à la Maison Blanche a officiellement repris mercredi 31 octobre, à six jours de l'échéance finale. Le républicain Mitt Romney est reparti sur les routes de Floride, un Etat clé puisque l'électorat y est encore partagé. Mais Barack Obama a prévu de rester un jour supplémentaire au chevet des Américains sinistrés, en se rendant dans le New Jersey, l'un des Etats les plus sinistrés. La stratégie du président-candidat est-elle judicieuse ? Francetv info tente d'y voir plus clair.

Il n'a pas le choix

"Barack Obama fait ce qu'il est obligé de faire", explique à francetv info Luc Benoît A La Guillaume, maître de conférences à l'université de Nanterre, et spécialiste de la politique américaine. "Il fait ce que tous les présidents en fonction font dans des circonstances pareilles", poursuit-il. Mais "ce qui est frappant, c'est qu'il est extrêmement présent".

En effet, alors que la dernière semaine avant le vote est habituellement surchargée de déplacements et de meetings, le président-candidat n'a tenu aucune réunion électorale depuis samedi. Barack Obama a clairement redéfini ses priorités en chamboulant son planning. Dimanche, il s'était rendu au siège de l'agence fédérale chargée des situations de crise (Fema). Lundi, avant que l'ouragan ne touche les côtes, il avait appelé à la prudence. Mardi, il s'est entretenu au téléphone avec 13 gouverneurs et sept maires. Il a même téléphoné à des dirigeants des compagnies d'électricité pour leur dire que rétablir le courant était la "priorité". Le même jour, il a rendu visite aux sauveteurs de la Croix-Rouge dans la capitale.

Barack Obama au quartier général de la Croix Rouge, à Washington (Etats-Unis), le 30 octobre 2012. (LARRY DOWNING / REUTERS)

Barack Obama a notamment tiré les leçons de la gestion catastrophique, en 2005, de l'ouragan Katrina. Un fiasco dont avait largement pâti la cote de confiance de son prédécesseur, George W. Bush. Le président-candidat est donc "en mode réponse à la tempête", commente le site américain spécialisé Politico (lien en anglais).

Il profite du "prestige du président sortant"

Barack Obama jouit du "prestige du président sortant", commente Luc Benoît A La Guillaume. Le candidat démocrate affiche qu'il tient les rênes du pays, qu'il est le commander-in-chief (chef des armées américaines). Une stature qu'il a rappelé lors du dernier débat face à son rival.

"Il est établi de façon statistique que les présidents qui font campagne pour un nouveau mandat partent avec un avantage", note Luc Benoît A La Guillaume, rappelant que "seuls Carter et Bush père" n'ont pas été réélus alors qu'ils briguaient un nouveau mandat, respectivement en 1981 et 1992. Mais l'avantage de l'actuel locataire de la Maison Blanche a été grignoté au fur et à mesure de la campagne. Les deux candidats sont au coude-à-coude dans les sondages. Il est même arrivé que Mitt Romney soit passé devant Barack Obama. "Le président sortant a l'espoir que sa gestion de crise active l'aide dans les urnes", estime Luc Benoît A La Guillaume. Une activité qui permet également de souligner que Mitt Romney est dépourvu de fonction officielle.

Il défend l'Etat fédéral

Cela a été un thème important de la campagne. "Les républicains ont multiplié les attaques contre la bureaucratie et la paperasserie, estimant que cela coûte trop cher", résume Luc Benoît à la Guillaume.

Et cette catastrophe permet à Barack Obama de défendre son point de vue. "La position démocrate, redéfinie depuis les années Clinton, est que l'Etat fédéral doit être présent sans être tout puissant", explique le spécialiste. "En se rendant au siège de l'agence fédérale chargée des situations de crise, Barack souligne qu'une telle autorité est nécessaire", analyse l'universitaire.

Barack Obama, au siège de l'agence fédérale chargée des situations de crise (Fema), à Washington (Etats-Unis), le 28 octobre 2012. (NICHOLAS KAMM / AFP)

"Il se positionne au-dessus des partis"

"En s'affichant comme le président de tous les Américains, Barack Obama se positionne au-dessus des partis", relève l'universitaire. Un statut confortable qui le place en protecteur de la nation.

Un activisme plutôt payant. "Le président a eu droit à un rare moment de louanges bipartites, avec des gouverneurs démocrates et républicains félicitant la performance de l'action du gouvernement fédéral", écrit The Washington Post (lien en anglais)"Le président a été formidable", s'est exclamé, à chaîne de télévision MSNBC, le gouverneur du New Jersey, le républicain Chris Christie, que Barack Obama doit rencontrer mercredi après-midi. "Je lui ai parlé trois fois hier, il m'a appelé la dernière fois à minuit pour me demander ce dont j'avais besoin", a raconté ce populiste connu pour être l'un des principaux lieutenants de Mitt Romney.

"Mais il faut rester prudent dans l'interprétation de ces propos", tempère Luc Benoît A La Guillaume. "Nous savons que tout va se jouer à très peu de choses. La façon dont Barack Obama agit après le passage de l'ouragan va peut-être contribuer à 0,5% dans quelques Etats, mais ça ne va pas faire basculer l'élection". Luc Benoît A La Guillaume rappelle qu'"il y a une forte polarisation idéologique" et que "faire pencher des républicains chez les démocrates est très très difficile".

Romney sur tous les fronts

Surtout que Mitt Romney parvient à jouer sur les deux tableaux : la campagne et l'ouragan. Le candidat républicain a tenu, mardi 30 octobre, une réunion publique dans l'Ohio, sûrement l'Etat le plus important de cette campagne. Il a fait un appel aux dons pour les familles dans le besoin et a conclu sa prise de parole par une séance de poignées de main, comme à la fin de ses meetings. C'est ce que raconte Stephan Breitner, de France 2 :

DLTFTV_MAM_2744290 ( Stephan Breitner - France 2 Washington )

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