Cet article date de plus de douze ans.

Les mines clandestines du Venezuela

Article rédigé par Laurent Filippi
France Télévisions
Publié Mis à jour
Dans un triangle compris entre le Venezuela, le Brésil et la Guyane, les mines clandestines fleurissent. Un grand nombre de prospecteurs clandestins d'or et de diamants rêvent d’y trouver la pépite ou la pierre précieuse qui leur permettront de changer définitivement de vie… C’est sans compter avec les autorités qui comptent bien reprendre la main sur ces richesses.

Dix photos de Jorge Silva sur les mines clandestines dans la province de Bolivar, au sud du Venezuela, prises en novembre 2012, illustrent ce propos.

Au Venezuela, 60% de la production aurifère (4,2 tonnes par an) provient de mines informelles. (REUTERS/Jorge Silva )
Les acheteurs d’or et de diamants sillonnent les rivières comme celle d’Ikabaru, au bord du bassin amazonien.

Dès qu’une mine illégale d’or est repérée, ils sortent leur attirail : petites balances, loupes, brûleurs pour faire fondre le métal et grosses cuillères pour le récolter et le séparer du mercure.

Des sacs remplis d’argent font aussi partie de leurs «équipements». (REUTERS/Jorge Silva)
Les routes quasi inexistantes rendent l’accès à la province de Bolivar très difficile. Seules les pirogues ou les petits avions, comme les Antonov An-2, permettent de s’y rendre.

Ces avions, datant de l’ère soviétique, furent utilisés dans le monde entier. Robustes, économiques, ils permettent aujourd’hui de transporter le matériel vers les régions minières.

Mais, il n’est pas sans danger pour les pilotes, qui transportent souvent des tonnes de barils, d’atterrir sur les minuscules pistes boueuses. (REUTERS / Jorge Silva)
Pieds nus enfoncés dans la boue, les mineurs à l’aide un tuyau de pression creusent la boue pour enlever les couches de végétation.

Mais le tuyau est très dangereux car sa pression et sa buse métallique le transforment en une arme mortelle. Ressemblant à un énorme serpent, il est très difficile de le maîtriser. Les accidents sont fréquents.

De plus, glissements de terrain, serpents venimeux et maladies tropicales rendent le travail encore plus pénible. Les centres médicaux sont inexistants. (REUTERS/Jorge Silva )
Quatre grammes d'or représentent l’équivalent d’un salaire mensuel moyen au Venezuela. Quand on sait que l'once se vendait 250 dollars il y a dix ans et 1700 aujourd’hui, on comprend que certains soient pris par la fièvre de l’or.

Mais dans ces mines et les villes alentour, la vie est très chère. Une bouteille d'eau coûte environ 12 dollars.

Même si le Venezuela est connu pour avoir une essence parmi les moins chères du monde, qu’un réservoir de 250 litres coûte 5 dollars, son prix, peut dans cette région, s’élever à 1.200 dollars. (REUTERS/Jorge Silva)
«Les diamants sont la monnaie parfaite… vous pouvez transporter des milliers de dollars dans la poche de votre pantalon sans déclencher de détecteur de métal. Il n'y a pas de frontières pour eux», explique un tailleur de diamants. (REUTERS / Jorge Silva )
Ceux qui en ont la capacité physique redoublent d’effort, car le gouvernement menace d’interdire les mines clandestines.

Des milliers de familles et des villes entières vivent de cette activité.

En 2011, une loi a été proclamée pour nationaliser les mines d'or du Venezuela afin de lutter contre «les mafias et la contrebande». Selon le président Hugo Chavez, ces dernières sèment «l'anarchie» dans le secteur. (REUTERS / Jorge Silva )
Selon cette loi, l'Etat se réserve l'exploitation de la production aurifère et pourra créer des entreprises de capital mixte en contrôlant au moins 55% du capital.
L'Etat percevra alors jusqu'à 13% de royalties sur la valeur de l'or extrait par les grandes compagnies minières. (REUTERS / Jorge Silva )
En 2011, le président Hugo Chavez annonce également le rapatriement de toutes les réserves en or du peuple vénézuélien, déposées dans les banques occidentales.

Au total, ce sont 211 tonnes d'or soit 8 milliards d’euros qui devraient ainsi revenir à la Banque centrale vénézuélienne, s’ajoutant au 365 tonnes déjà présentes. (REUTERS/Jorge Silva )
Après dix ans d’hésitation, Chavez signe en septembre 2012 un accord avec le groupe China International Trust and Investment Corp pour développer l'exploitation du gisement d'or et de cuivre Las Cristinas.

Ce gisement serait l'un des plus grands au monde avec des réserves estimés à cinq cents tonnes.

Pékin avait annoncé peu de temps auparavant son intention de devenir le deuxième pays au monde pour le volume de ses réserves d’or. Le Venezuela est le quinzième. (REUTERS/Jorge Silva )

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