Les étudiants québécois attaquent la "loi matraque" en justice
"C'est la plus grande affaire constitutionnelle au Québec en raison du nombre de gens concernés", juge l'un des leaders étudiants, pour qui la loi spéciale votée il y a une semaine restreint la liberté de manifester.
Après la contestation dans la rue, l'action en justice. Les trois principales organisations étudiantes en conflit avec le gouvernement québécois ont déposé, vendredi 25 mai, deux recours en justice contre la loi spéciale (surnommée "loi matraque") votée une semaine plus tôt et à laquelle elles reprochent de réduire la liberté d'expression et d'association. Une requête, qui vise à bloquer l'application de la loi par la police, pourrait être examinée mercredi prochain. A aussi été faite une requête en nullité, dont l'examen est attendu début juin.
"C'est la plus grande affaire constitutionnelle au Québec à cause du nombre de gens concernés", a déclaré l'un des leaders étudiants, Léo Bureau-Blouin, devant le palais de justice de Montréal. Selon lui, 1,5 million de Québécois sont directement touchés. Au total, quelque 140 personnes issues de 25 organisations estudiantines, environnementales et syndicales, ainsi que d'unions d'artistes et de différentes communautés, ont présenté des requêtes devant la Cour supérieure du Québec.
"Défendre le droit de manifester"
Léo Bureau-Blouin affirme que ceux qui ont déposé ces requêtes ne cherchent pas à "instrumentaliser la justice pour obtenir une victoire politique", mais sont "sincèrement inquiets" du fait que la loi attaque "les droits aussi importants que le droit à la liberté d'expression et le droit d'association ainsi que le droit de manifester pacifiquement".
Aux yeux du gouvernement de centre-droit de Jean Charest, la loi en question est entre autres destinée à encadrer la liberté de manifester pour garantir l'accès aux établissements universitaires des étudiants non-grévistes, souvent bloqués par des piquets de grève. Elle impose aussi aux manifestants de communiquer à la police leur itinéraire huit heures à l'avance et prévoit des amendes très élevées pour les contrevenants.
Le gouvernement du Québec, qui avait presque lui-même invité mercredi ses détracteurs à s'adresser aux tribunaux pour contester la loi, n'a pas été surpris par cette démarche. "C'est intéressant que ça vienne entre autres d'une association qui se fout des décisions des tribunaux et qui s'adresse aux tribunaux", a déclaré le ministre des Finances de la province, Raymond Bachand, dans une allusion à l'organisation étudiante la plus radicale, la Classe.
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