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Les Colombiens rejettent de peu l'accord de paix avec les Farc

Les Colombiens ont rejeté dimanche l'accord de paix avec les Farc, plongeant le pays dans l'incertitude et infligeant une défaite majeure au président Juan Manuel Santos. Le "non" l'emporte avec 50,21% des voix alors que la  participation n'a été que de 37,28%. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des partisans du "non" fêtent leur victoire à Bogota (Colombie), dimanche 2 octobre 2016, lors du référendum sur l'accord de paix avec les Farc.  (MARIO TAMA / GETTY IMAGES NORTH AMERICA /AFP)

Contre toute attente, les Colombiens ont rejeté dimanche 2 octobre, de peu, la paix avec la guérilla des Farc lors d'un référendum sur l'accord visant à terminer 52 ans de conflit. "Je ne me rendrai pas et continuerai à rechercher la paix", a déclaré le président Juan Manuel Santos, affirmant que le cessez-le-feu bilatéral et définitif, observé depuis le 29 août, "reste valide et restera en vigueur".

En Colombie, l'accord de paix avec les Farc est rejeté
En Colombie, l'accord de paix avec les Farc est rejeté En Colombie, l'accord de paix avec les Farc est rejeté

De son côté, Timochenko, le chef des Farc, a déploré depuis La Havane "que le pouvoir destructeur de ceux qui sèment la haine et la rancoeur ait influé sur l'opinion de la population colombienne". Mais il a réitéré la disposition des guérilleros "à ne faire usage que de la parole comme arme de construction de l'avenir".

Sur 99,98% des bulletins de vote dépouillés, le "non" s'imposait avec 50,21% devant le "oui" à 49,78%, cinq heures après la clôture des bureaux de vote de ce scrutin crucial. Près de 34,9 millions d'électeurs étaient appelés à répondre à la question : "Soutenez-vous l'accord final d'achèvement du conflit et de construction d'une paix stable et durable ?", titre du document de 297 pages issu de près de quatre ans de pourparlers, délocalisés à Cuba.

"Tous, sans exception, veulent la paix"

"Je vous ai convoqués pour que vous décidiez de soutenir ou pas ce qui a été accordé pour la fin du conflit avec les Farc, et la majorité, bien que d'une très étroite marge, a dit que non", a ajouté le président colombien à l'adresse des Colombiens, ajoutant: "l'autre moitié du pays à dit que oui", mais que "tous, sans exception, veulent la paix".

Son prédécesseur, Alvaro Uribe, féroce opposant à l'accord, a affirmé vouloir "contribuer à un grand pacte national". "Il nous semble fondamental qu'au nom de la paix, ne soient pas mises en danger les valeurs qui la rendent possible", a affirmé l'actuel sénateur de droite.

Le "oui" a recueilli quelque 6,3 millions de voix (6 377 482), bien au-delà du minimum des 4,4 millions voix requis (13% de l'électorat). Pour l'emporter, il devait supplanter le "Non", qui a en fait dépassé les 6,4 millions (6 431 376). La participation n'a été que de 37,28%. Mais depuis 1958, elle s'établit généralement entre 33% et 58,47%, record jamais dépassé depuis 1974.

"Cela ressemble à un Brexit"

"L'abstention a gagné et le pays a perdu", a déclaré à l'AFP Kirsty Brimelow, avocate britannique et directrice du Bar Human Rights Committee, facilitatrice dans les pourparlers. "Cela ressemble à un Brexit", a-t-elle ajouté en référence au référendum sur la sortie de l'Union européenne, cause d'une crise politique en Grande-Bretagne.

Le référendum, non obligatoire, avait été voulu par Juan Manuel Santos afin de donner la "plus large légitimité" possible à l'accord qu'il a signé le 26 septembre avec le chef des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes), Rodrigo Londoño, plus connu sous ses noms de guerre Timoleon Jiménez ou Timochenko. Il s'agissait de mettre fin à la plus ancienne confrontation armée de l'hémisphère nord qui, au fil des décennies, a impliqué guérillas d'extrême gauche, paramilitaires d'extrême droite et forces de l'ordre, faisant plus de 260 000 morts, 45 000 disparus et 6,9 millions de déplacés.

L'accord visait à ce que les Farc, nées en 1964 d'une insurrection paysanne et qui comptent encore 5.765 combattants, se convertissent en parti politique après avoir remis leurs armes à l'ONU, qui a déjà vérifié la destruction samedi de 620 kg d'explosifs. Mais les opposants ont fait campagne pour le "non" en dénonçant notamment un "laxisme" des sanctions prévues contre les auteurs des crimes les plus graves et la participation des guérilleros démobilisés à la vie politique, craignant un "castro-chavisme" inspiré des régimes cubain et vénézuélien.

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