Le président paraguayen, ancien "évêque des pauvres", destitué par le Parlement
Fernando Lugo a été officiellement démis de ses fonctions vendredi par le Parlement de son pays.
Pour Fernando Lugo, la chute est aussi brutale que l'ascension fut rapide. Le président paraguayen a été officiellement démis de ses fonctions vendredi 22 juin à l'issue d'un procès politique en destitution de quelques heures mené devant le Parlement.
• Pourquoi est-il destitué ?
Celui que le Paraguay appelait "l'évêque des pauvres" est accusé d'avoir "mal rempli ses fonctions". Ses accusateurs font référence au massacre de 11 paysans sans-terre et de six policiers, le 15 juin, lors d'une opération visant à déloger les occupants d'une propriété agricole à Curuguaty, à 250 km au nord-est de la capitale.
Une grosse bavure pour un président à la réputation déjà écornée par la multiplication des demandes de reconnaissance d'enfants conçus alors qu'il était encore ecclésiastique. En 2009, il avait été contraint de reconnaître la paternité d'un garçonnet et il a annoncé début juin qu'il allait en reconnaître un autre.
Un total de 39 sénateurs sur les 43 présents l'ont déclaré coupable des accusations formulées contre lui, entraînant sa destitution immédiate prévue par la Constitution.
• Qui prend la relève ?
Son vice-président Federico Franco, 49 ans, a été investi immédiatement lors d'une brève cérémonie au Congrès d'Asuncion. Mais il risque de se trouver bien isolé sur le continent sud-américain. Dans les pays voisins, la gauche a immédiatement dénoncé ce que la présidente argentine, Cristina Kirchner, a qualifié de "coup d'Etat illégitime", suivie par le Bolivien Evo Morales, qui y a vu un "coup d'Etat parlementaire", tandis que le Vénézuélien Hugo Chavez qualifiait d'"illégitime" son successeur.
• Y a-t-il des risques de violences ?
Dès l'annonce de la condamnation du président, plusieurs milliers de ses partisans, rassemblés sur la Place d'armes de la capitale paraguayenne, ont manifesté leur colère. Certains protestataires s'en sont pris aux forces de l'ordre, qui ont répliqué à coups de matraques, de gaz lacrymogènes et de lances à eau. La foule s'est rapidement dispersée avant de revenir peu à peu devant le Congrès en respectant l'appel "à ne pas verser le sang des justes" formulé par leur favori déchu.
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