Reportage "Des gens sont morts de panique" : encore sous le choc des incendies meurtriers au Chili, ces habitants sont déjà prêts à tout reconstruire

Alors que les incendies ont fait au moins 123 morts au Chili, de nombreux habitants découvrent les dégâts sur leur maison et s'attellent au nettoyage, traumatisés par ces terribles dernières heures.
Article rédigé par franceinfo - Naïla Derroisné
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des habitants déblaient les débris après les incendies meurtriers à  Viña del Mar, au Chili, le 5 février 2024. (LUCAS AGUAYO ARAOS / ANADOLU)

Du nettoyage dans un paysage apocalyptique. Au Chili, le bilan des incendies qui ont frappé la région de Valparaiso s'alourdit encore, avec au moins 123 morts. On enregistre encore des départs de feux et plusieurs foyers sont toujours actifs à différents endroits du pays, dans le centre et le sud. Mais le méga-incendie qui a touché la ville de Viña del Mar et ses alentours est sous contrôle. Pourtant, déjà, les habitants s'activent pour tenter de remettre de l'ordre sur leur terrain, mais le souvenir des heures terribles de l'incendie est encore dans tous les esprits.

Sur les collines de Viña del Mar, cité balnéaire à quelques encablures de Valparaiso, des quartiers entiers ont été détruits par les flammes. Judith ne trouve pas les mots pour décrire le paysage qu'elle a en face d'elle : des dizaines de maisons, comme celle de sa fille, ont été réduites en cendres. Judith raconte : "D'un coup, elle a vu une fumée noire. 'Il faut évacuer, il faut évacuer', a-t-elle compris. Elle a pris ses deux bébés, son chien, et elle est sortie sans rien d'autre", lâche-t-elle dans un soupir.

"Je me suis mis à pleurer"

D'autres ont été pris au piège à cause de l'arrivée très rapide de l'incendie. "Des gens sont morts de panique, d'autres d'asphyxie. J'ai vu ces personnes qui sont mortes...", raconte Miguel, choqué. Celles et ceux qui ont survécu au drame s'activent désormais pour ramasser les débris. Les bras noirs de cendres et une pelle entre les mains, Matias raconte qu'il n'était pas là quand sa maison a brûlé car il travaillait. Ça a été un choc quand il a vu les dégâts. "Je me suis mis à pleurer. C'est une maison que nous avions construite il y a longtemps", rappelle-t-il. 

"C'est nous qui avions tout fait, de la dalle jusqu'au toit, ça nous a pris beaucoup de temps."

Matias, un habitant

à franceinfo

De sa maison, il ne reste que les murs porteurs et l'escalier métallique noirci sur lequel il a accroché un drapeau chilien. Le deuxième étage a complètement disparu : "On ramasse les décombres et on les jette dans le camion pour qu'il en emporte le plus possible. L'idée, c'est que le terrain soit dégagé et propre pour ensuite commencer à penser à la reconstruction..."

Un trauma "post-incendie"

Pour l'instant, ni la mairie ni le gouvernement régional ne sont intervenus sur ce secteur de Viña del Mar, car il y a énormément de zones sinistrées. Alors, en attendant, ce sont les habitants d'autres communes alentour, épargnées par les feux, qui distribuent des provisions et apportent leur aide, comme Catalina, qui a elle aussi été affectée par un incendie dans le passé.

"Ce n'est pas seulement le fait d'avoir perdu sa maison, il y a aussi le moment post-incendie avec tous les troubles psychologiques, insiste-t-elle. Ce n'est pas quelque chose qui se termine là, maintenant, ça t'accompagne toute ta vie." Ces feux qui ont dévasté la région de Valparaiso sont les plus meurtriers que le pays a connus.

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