Au Mexique, la musique n'adoucit pas les mœurs des gangs
C'est le dernier fait divers morbide d'une série pourtant longue. Au Mexique, les membres d'un groupe de musique ont été enlevés et assassinés. Dix-sept cadavres ont été retrouvés au fond d'un puits. Sans doute un règlement de compte sur fond de narcotrafic. En effet, au Mexique, certains musiciens s'acoquinent à des trafiquants de drogue et chantent leurs louanges.
Ils s'appelaient les Kombo Kolombia. Un groupe musical composé d'une vingtaine de membres, musiciens et accompagnateurs. Bien que mexicains, ils étaient spécialisés dans la musique colombienne.
Ils ont été enlevés lors d'un concert privé qu'ils devaient donner dans une gargotte près de la ville d'Hidalgo, le 25 janvier 2012. Enlevés puis assassinés. Le seul survivant de la tuerie a pu conduire la police dans une hacienda abandonnée où les corps ont été trouvés trois jours après le rapt.
Il a donné aussi des détails, notamment sur les raisons de ce rapt massif. Les ravisseurs les ont interrogés sur leurs liens avec un groupe mafieux, los Zetas. D'anciens policiers en rupture de ban reconvertis dans la drogue. Les Kombo Kolombia jouaient régulièrement pour eux, notamment dans un bar où, en juillet 2011, une fusillade avait fait 22 morts.
Des liens qui peuvent expliquer ce massacre. Les musiciens auraient été les cibles d'un autre cartel, le cartel del Gulfo, en guerre avec los zetas.
Au Mexique, la musique et les cartels de la drogue forment un couple sulfureux. Sa démonstration la plus excessive est sans conteste les narcocorridos. Des chansons composées à la gloire des narco-trafiquants et des cartels.
Aucun humour, ni second degré ici. Le chanteur glorifie la violence, les armes, la drogue et l'argent facile. La vidéo est aussi très violente.
Ainsi, El Komander se présente lui même comme mafieu. Il chante la puissance du redoutable cartel de Sinaloa : «Je vis une vie de luxe, je ne suis pas né pour être pauvre.»
Un autre groupe, El Comando del diablo, donne le mode d'emploi ultra violent du cartel de Sinaloa : «J'exécute les ordres du chef, c'est comme ça que les billets arrivent. Je reçois une liste par jour de ceux qui ont trahi. On monte un commando et on les butte.»
Des chansons écrites sur commande par des hommes riches qui payent jusqu'à 10.000 dollars pour entendre raconter leurs exploits.Et quand un chanteur est contacté, il lui est bien difficile de refuser de jouer pour un cartel.
Bien sûr, les autoritées ont réagi et interdit ces morceaux sur les ondes. Mais la nébuleuse internet et la proximité de la frontière a permis de déplacer la production du côté de Los Angeles.
Et tout cela s'achève souvent dans le sang. Depuis 2006, une cinquantaine d'interprètes de narcocorridos ont été assassinés. Ils sont des cibles faciles, en les éliminant c'est le cartel qui est visé.
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