Alerte sanitaire au Pérou après la mort de centaines de dauphins et de pélicans
Le ministère de la Santé du pays exhorte la population à s'abstenir de se rendre sur les plages "jusqu'à ce que soient connues les causes de la mort" des animaux, toujours incertaines.
Drapeaux rouges sur les plages, appels à ne pas consommer de poisson cru : le ministère de la santé du Pérou a lancé ce week-end une "alerte sanitaire". Il exhorte "la population à s'abstenir de se rendre sur les plages dans la région de Lima et du littoral au nord du pays jusqu'à ce que soient connues les causes de la mort" mystérieuse de centaines de dauphins et de pélicans.
En moins de deux semaines, 1 500 pélicans ont été retrouvés morts sur près de 200 km de côtes à Piura, à la frontière avec l'Equateur, et Lambayeque, à 790 km au nord de Lima, selon les chiffres du ministère de l'Agriculture. Pour la seule journée du samedi 5 mai, 14 pélicans ont été trouvés sur quelque 18 plages de la région de Lima, au bord du Pacifique. Par ailleurs, les corps de près de 900 dauphins se sont échoués sur le littoral nord du pays entre janvier et avril, selon des chiffres officiels.
Pour le directeur de l'ONG Mundo Azul, le biologiste allemand Stefan Austermühle, la mort massive des pélicans et des dauphins "représente un risque pour la santé humaine en raison de la possible mutation d'un virus". Dans le doute, les responsables du secteur de la santé dans les régions les plus touchées ont demandé aux habitants de la zone de ne pas manger de poisson cru, d'éviter de se baigner et de s'éloigner des plages où les animaux ont été trouvés morts.
• Quelles sont les pistes évoquées pour expliquer ces morts ?
Les autorités sanitaires du Pérou n'ont toujours pas expliqué formellement la cause de la mort des dauphins et des pélicans. Mais trois pistes sont étudiées :
Les activités de compagnies pétrolières L'Organisation scientifique pour la conservation des animaux aquatiques (Orca) attribue le décès des dauphins aux activités d'exploration des compagnies pétrolières dans la zone. Selon cette ONG, ces activités produisent des bruits affectant les cétacés victimes d'un "impact acoustique".
Une pêche excessive Dans un éditorial du quotidien El Comercio, l'ancien ministre de la santé Uriel Garcia évoque "la pêche excessive" de certaines espèces, en particulier l'anchois, dont se nourrissent les pélicans, qui en fait mourraient de faim et pas de maladie. Pour Carlos Bocanegra, un biologiste réputé de l'Université de Trujillo, les raisons de la mort des dauphins et des pélicans restent inexpliquée pour "sauver certains intérêts" du puissant lobby des industriels de la pêche, un secteur prédominant de l'économie péruvienne.
Le réchauffement climatique Un expert en météorologie, Abraham Levy, estime lui que le réchauffement des eaux du Pacifique pouvant être lié au phénomène de El Nino pourrait expliquer ces récents phénomènes. "Le réchauffement de la mer altère la chaîne alimentaire, qui est complexe et qui commence par le plancton pour se terminer avec les oiseaux marins d'un côté et les mammifères marins de l'autre", dit-il à l'AFP.
De son côté, après avoir prudemment évoqué la possibilité d'un virus dans le cas des dauphins, le ministère de l'Environnement a écarté pour l'instant l'hypothèse d'un dommage collatéral de la pêche au filet ou d'une éventuelle contamination des eaux. Les causes scientifiques de ce qui provoque la mort des dauphins et des pélicans pourraient être connues d'ici 5 à 10 jours.
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