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Alpha Condé, opposant historique âgé de 72 ans, a remporté la présidentielle en Guinée avec 52,52% des voix

Alors que des heurts violents se sont produits à Conakry, Alpha Condé a appelé son adversaire Cellou Dallein Diallo à la "concorde", estimant que "le temps est venu de se donner la main".Après 52 ans de régimes autoritaires, les Guinéens avaient voté le 7 novembre pour élire, pour la première fois librement, leur président.
Article rédigé par France2.fr avec agences
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Les partisans de Cellou Dallein Diallo en colère à l'annonce de la victoire d'Alpha Condé, à Conakry (15 novembre 2010) (AFP / Issouf Sanogo)

Alors que des heurts violents se sont produits à Conakry, Alpha Condé a appelé son adversaire Cellou Dallein Diallo à la "concorde", estimant que "le temps est venu de se donner la main".

Après 52 ans de régimes autoritaires, les Guinéens avaient voté le 7 novembre pour élire, pour la première fois librement, leur président.

Selon des résultats provisoires officiels, Alpha Condé a recueilli 52,5% des voix contre 47,4% à Cellou Dalein Diallo, et le taux de participation s'est élevé à 67%.

L'annonce de la victoire d'Alpha Condé, qu'il avait revendiquée dans la journée, tout comme son adversaire, intervient dans un climat de vive tension à Conakry où des affrontements entre de jeunes partisans de Cellou Dalein Diallo et les forces de l'ordre ont fait au moins un mort et des dizaines de blessés. Selon ce dernier, les heurts ont fait deux morts.

Dès lundi matin, des groupes de jeunes partisans de Cellou Dalein Diallo s'en sont pris aux forces de sécurité dans plusieurs secteurs de Conakry, leur jetant des pierres et projectiles. Ils ont également érigé des barricades et brûlé des pneus.

Lundi soir, peu après l'annonce des résultats, des coups de feu ont été entendus dans plusieurs quartiers de Conakry.

Le candidat Diallo parle de fraudes
Le candidat Cellou Dalein Diallo avait menacé dimanche la Commission électorale nationale indépendante (Céni) de ne "pas accepter" les résultats provisoires du scrutin s'ils étaient annoncés immédiatement, sans que toutes ses plaintes pour fraudes aient été examinées.

Il assurait avoir découvert des cas de fraude dans au moins trois des 56 circonscriptions du pays.

Cellou Dalein Diallo avait cependant appelé ses partisans "au calme et à la retenue". Un appel qu'il a réitéré lundi alors que la tension montait à Conakry.

Son adversaire, Alpha Condé avait au contraire estimé que la Céni devait "publier les résultats ce lundi et respecter les délais impartis".

La France a appelé mardi les Guinéens à "continuer à faire preuve de calme et de responsabilité".

L'ONU a invité lundi les Guinéens à accepter les résultats de la présidentielle.

De même, le Secrétaire général de la Francophonie, Abdou Diouf, a appelé lundi les candidats à la présidentielle en Guinée "à accepter les résultats et à recourir exclusivement aux voies légales pour toute contestation éventuelle".

Alpha Condé, opposant historique et opiniâtre
A 72 ans, le leader du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG) fait figure d'opposant historique. Adversaire déclaré du capitaine putschiste Moussa Dadis Camara, Alpha Condé a aussi lutté contre les présidents Sékou Touré puis Lansana Conté.

Sous le régime de Sékou Touré (1958-1984), il a été condamné à mort par contumace. Sous le régime de Lansana Conté (1984-2008), il a été emprisonné de 1998 à 2003 pour complot en vue de s'emparer du pouvoir. A l'élection présidentielle de 1993, il semblait sur le point de battre Lansana Conté, mais le gouvernement a annulé une série de bulletins de vote.

Après la mort de Conté, Alpha Condé a soutenu dans un premier temps le coup d'Etat mené par Camara. Mais il a ensuite changé de camp lorsqu'il est devenu manifeste que Camara souhaitait se maintenir au pouvoir.

Alpha Condé est largement considéré comme l'opposant le plus respecté de Guinée. Certains observateurs se demandent toutefois s'il a l'étoffe de la fonction présidentielle.

Il appartient à l'ethnie de Malinké, qui représente 35% environ de la population.

Première élection libre depuis 1958
Premier scrutin libre de l'histoire des Guinéens depuis l'indépendance acquise face à la France, l'élection s'est déroulée après plusieurs semaines de tensions politico-ethniques.

Quelque 4,2 millions d'électeurs étaient appelés à choisir entre Cellou Dalein Diallo, plusieurs fois ministre puis Premier ministre sous le régime du défunt général Lansana Conté (1984-2008) et l'universitaire Alpha Condé, qui s'est opposé à tous les régimes en place et a passé deux années en prison.

Ils avaient obtenu respectivement 43% et 18% des voix au premier tour qui avait eu lieu le 24 juin.

Cellou Dalein Diallo, ancien Premier ministre issu de l'ethnie des Peuls, était crédité de 51,8% des suffrages contre 48,2%.

Présents sur place, les observateurs internationaux ont conclu que le second tour du scrutin qui s'est déroulé le 7 novembre a été libre et honnête.

Tensions ethniques entre peuls et malinkés
Sous la pression de la communauté internationale, les deux candidats, d'ethnies peule et malinké, les deux plus importantes de Guinée, avaient lancé ensemble un appel au calme et à la fraternité, vendredi, après une campagne marquée par des violences politico-ethniques. Le vote s'est finalement déroulé dans le calme.

Les deux camps s'étaient accusés mutuellement de fomenter des fraudes et une tension ethnique latente, attisée par des rumeurs, avait débouché sur des affrontements.

Diallo est membre de l'ethnie Peul, qui forme 40% de la population, et Condé est un Malinké, qui représente un tiers environ des 10 millions d'habitants.

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