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Alger a annoncé mercredi la levée avant fin février de l'état d'urgence, en vigueur depuis 19 ans

"La levée de l'état d'urgence interviendra avant la fin du mois en cours parallèlement à l'annonce de plusieurs décisions concernant le logement, l'emploi et la gestion de l'administration", a déclaré e Premier ministre algérien et Secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND, libéral) Ahmed Ouyahia.
Article rédigé par France2.fr avec agences
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Manifestation anti-gouvernementale le 12 février 2011 à Alger (AFP/FAROUK BATICHE)

"La levée de l'état d'urgence interviendra avant la fin du mois en cours parallèlement à l'annonce de plusieurs décisions concernant le logement, l'emploi et la gestion de l'administration", a déclaré e Premier ministre algérien et Secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND, libéral) Ahmed Ouyahia.

L'état d'urgence a été proclamé en 1992 au début de la décennie des violences islamistes qui ont fait au moins 150.000 morts.

M. Ouyahia a par ailleurs indiqué qu'il ne fallait "pas ignorer les évènements en cours dans les pays arabes et islamiques", alors qu'une manifestation a réuni 2.000 personnes samedi 12 février à Alger face à 30.000 policiers. Il a souligné "l'impératif d'apporter les solutions adéquates aux problèmes de la jeunesse algérienne".

L'opposition réunie au sein de la coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD) a appelé à une nouvelle manifestation pour le 19 février à Oran, alors que la coordination avait réclamé une salle pour ce rassemblement. Les responsables de l'Assemblée populaire communale (APC, mairie) ont refusé de louer à la CNDC la salle Saâda, qui devait accueillir sa manifestation. Elle aura lieu devant la salle.

Malgré cette interdiction, la CNDC a maintenu sa deuxième manifestation, après celle du 12 février, prévue samedi à Alger et a appelé "tous les algériens : jeunes, étudiants, femmes, chômeurs, retraités, travailleurs, cadres à y participer massivement".

Cette coordination regroupe des partis d'opposition, la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme et des représentants de la société civile.

Une figure du FLN prône des réformes
Abdelhamid Mehri, figure historique de l'indépendance algérienne, a demandé au président Abdelaziz Bouteflika de répondre à la vague de contestation en cours dans le monde arabe en remplaçant un système qu'il a qualifié d'antidémocratique et dépassé.

Il écrit dans une lettre au chef de l'Etat que des changements radicaux sont nécessaires avant le cinquantième anniversaire de l'indépendance de l'Algérie, l'an prochain.

Le système en place "n'est plus capable de répondre aux importants défis auxquels la nation est confrontée", écrit il dans cette lettre dont Reuters a reçu copie. "Les voix réclamant un changement pacifique de ce système sont nombreuses, ce changement ne peut être reporté davantage", ajoute Mehri.

Agé de 84 ans, Mehri est l'un des deux derniers négociateurs algériens encore en vie du traité d'Evian qui a mis fin à 130 ans de présence française en Algérie et à une guerre d'indépendance qui a fait des centaines de milliers de morts. Il a été ambassadeur d'Algérie en France et secrétaire général du FLN de 1988 à 1996.

L'armée, cheville ouvrière du pouvoir
Aux termes de la Constitution algérienne, le pouvoir politique est détenu par le président et le Parlement, qui sont tous deux élus. Cependant, la plupart des analystes s'accordent à dire que l'armée exerce une influence non négligeable sur les prises de décisions.

Selon plusieurs sources, des pressions s'intensifient au sein même du régime en faveur de l'injection de sang nouveau et de l'allègement du contrôle de l'Etat sur l'économie. "Mehri offre à Bouteflika un moyen de se retirer dans la dignité et l'honneur", analyse Mohamed Lagab, auteur et enseignant à l'université d'Alger.

"Les systèmes au pouvoir en Egypte, en Tunisie et en Algérie ont une façade démocratique mais ils excluent, de différentes façons, la participation d'une grande partie des citoyens à la vie publique", déplore Mohamed Mehri dans son courrier.

Quelques centaines de protestataires ont manifesté samedi dans la capitale, mais ils étaient largement dépassés en nombre par la police. Ils ont annoncé qu'ils manifesteraient à nouveau chaque samedi jusqu'à l'adoption de changements démocratiques.

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