Un membre d'Aqmi témoigne sur la mort de deux Français au Niger
Il a affirmé à un juge antiterroriste, selon "Libération", que Vincent Delory a été exécuté par un ravisseur et qu'Antoine Léocour est mort carbonisé dans un 4x4.
Le voile se lève un peu sur la mort de deux Français au Niger en janvier 2011. Libération rapporte, vendredi 6 janvier, le témoignage d'un membre d'Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique), recueilli par un juge anti-terroriste français le 30 novembre dans une prison de Nouakchott, la capitale mauritanienne (article payant).
Mohamed Al-Amine ould Mohamedou ould M'Balle, alias Mouawiya, 22 ans, n'a pas participé à l'enlèvement d'Antoine de Léocour et Vincent Delory, mais en a entendu le récit fait quelques heures plus tard par des membres du commando jihadiste qui les ont enlevés.
Tué parce qu'il retardait le ravisseur dans sa fuite
Selon lui, des ravisseurs ont raconté, une fois rentré au sein de la katiba (unité de jihadistes), que l'un d'entre eux, surnommé Fayçal Al-Jazaïri, avait abattu Antoine de Léocour de plusieurs balles de kalachnikov parce qu'il le retardait dans sa fuite à pied dans le désert, juste après l'attaque par les commandos français.
Il assure aussi que Vincent Delory a péri brûlé dans le 4x4, qui transportait de l'essence, à la suite des tirs qui ont touché le véhicule. Les membres du commando de ravisseurs avient assuré après l'opération n'avoir pas exécuté ce deuxième otage.
Comment s'est embrasé le 4x4 ?
La famille de la victime accuse les forces françaises d'avoir ouvert le feu sur le véhicule dans lequel il se trouvait, provoquant sa mort. Pour Annabelle Delory, la sœur de Vincent, le témoignage et les éléments recueillis par la famille soulèvent de nombreuses questions. "On nous a dit l'année dernière que la priorité était de préserver la vie des otages. Aujourd'hui, avec les éléments qu'on a, ça nous paraît très très difficile à admettre."
Le PV de l'audition en tant que témoin, le 16 décembre, du commandant du Commandement des opérations spéciales, le général Frédéric Beth, également révélé par Libération, ne permet pas d'éclaircir cette question.
Celui-ci livre peu de détails et surtout n'apporte pas d'élément nouveau sur le point le plus sensible : comment a pris feu le 4x4. Le film de l'opération, tourné depuis un avion, a été amputé d'une minute : celle au cours de laquelle le véhicule prend feu. Selon le ministre de la Défense, qui le précise dans une lettre au juge datée du 9 décembre, cette coupe a pour but de "ne pas révéler [...] certains détails opérationnels".
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