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Tunisie : la polémique autour de l’enquêteur de l’ONU sur la Libye, Moncef Kartas, s’amplifie

Une pétition signée par 107 personnes et publiée dans des journaux européens réclame "la libération immédiate" de Moncef Kartas, membre du panel d’experts du comité de sanctions de l’ONU sur la Libye, arrêté à son arrivée à l'aéroport de Tunis-Carthage il y a plus d’un mois.

Article rédigé par franceinfo Afrique avec AFP
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Photo non datée obtenue le 1er mai 2019 auprès de la famille de Moncef Kartas, ressortissant tuniso-allemand et membre du groupe d'experts de l'ONU pour la Libye, arrêté le 26 mars à son arrivée à Tunis. Il est soupçonné "d'espionnage pour parties étrangères". (FAMILY HANDOUT / AFP)

L'arrestation le 26 mars 2019 en Tunisie d'un chercheur chargé par l'ONU d'enquêter sur les trafics d'armes en Libye tourne à l'imbroglio diplomatique, Tunis peinant à justifier la détention de cet expert bénéficiant théoriquement d'une immunité.

Tunis n'a pas demandé la levée d'immunité de l'enquêteur de l'ONU

Moncef Kartas, un binational allemand et tunisien, a été arrêté à son arrivée à l'aéroport de Tunis. Il est toujours en détention, après avoir été accusé d'espionnage par les autorités tunisiennes, un crime passible de la peine de mort.

Les Nations unies, qui réclament des éclaircissements, martèlent que Moncef Kartas était à Tunis en mission et bénéficiait d'une immunité diplomatique en tant que membre du panel d'experts du comité des sanctions sur la Libye. "Nous sommes très préoccupés par le fait qu'à ce jour, le gouvernement tunisien n'a fourni aucune réponse adéquate" sur les raisons de cette arrestation, a indiqué mi-avril le porte-parole de l'ONU Stéphane Dujarric.

L'immunité diplomatique de l’enquêteur peut être levée par le Secrétaire général de l'ONU mais uniquement sur demande de Tunis. Or la Tunisie, n'a pas fait de démarche en ce sens, selon les Nations unies.

Une pétition de 107 chercheurs internationaux en faveur de Moncef Kartas

Brisant un long silence depuis son arrestation, des chercheurs et universitaires du monde entier, pour certains collègues de M. Kartas ont réclamé publiquement le 30 avril sa libération immédiate. "La détention de Moncef Kartas pour des motifs fallacieux et en violation de son immunité soulève de graves questions concernant l'Etat de droit en Tunisie", estiment les 107 signataires d’une pétition publiée dans des journaux européens.

Soulignant qu'"aucun élément de preuve n'a été présenté", ils insistent sur "l'éthique irréprochable" du chercheur qui "a constamment fait preuve de son engagement à promouvoir l’Etat de droit et la sécurité, notamment en Afrique du Nord et en Tunisie", précise la pétition.

Les avocats tunisiens de Moncef Kartas, poursuivi pour "espionnage au profit de parties étrangères", ont déposé le même jour une demande de libération, faisant valoir le manque d'éléments étayant les accusations portées contre lui. "L'un des principaux éléments à charge est un appareil donnant accès aux données publiques concernant les vols d'avions civils et commerciaux", a indiqué à l'AFP son avocate, Sarah Zaafrani. Or, cet appareil, un RTL-SDR, soumis à une autorisation en Tunisie, lui servait "uniquement pour la surveillance du trafic aérien à destination de la Libye, afin d'identifier les vols susceptibles d'être liés à des violations de l'embargo sur les armes", explique-t-elle.

Toutefois, dans un article daté du 24 avril présenté comme un "exclusif"le site Universnews rapporte des informations révélées par deux invités de la télévision Attessiâ, contredisant la version de la défense.

Un matériel permettant de mettre le Palais de Carthage sur écoute

Selon ce papier, relayé sur Twitter par Ghodhbani Yacoub, conseiller spécial du ministère tunisien de la Santé, le journaliste Jamel Arfaoui et l’activiste politique Mohamed Lazhar Akremi ont confirmé que l’expert onusien tuniso-allemand disposait d’un matériel d’espionnage ultrasophistiqué d’un coût de 100 000 dollars. Il s’agit d’un matériel qui aurait permis de "mettre sur écoute le palais présidentiel de Carthage, de contrôler l’espace aérien, voire capable de provoquer une catastrophe aérienne s’il le voulait", a précisé le journaliste.

Selon les deux invités d'Attessiâ, Moncef Kartas aurait eu accès grâce à ce matériel à "des informations sur les zones montagneuses, théâtre d’activités terroristes. Il se serait même intéressé à des opérations en cours de lutte contre le terrorisme".

La justice tunisienne semble en tout cas décidée à garder l’enquêteur onusien en prison le temps de l'instruction, qui peut durer plusieurs mois, s'inquiètent les avocats. Quant à la famille de Moncef Kartas, elle déplore ne pas avoir eu de contact direct avec lui depuis son arrestation.

Pour des proches, il pourrait avoir touché une corde sensible en Tunisie en cherchant à identifier les auteurs des violations de l'embargo sur les armes visant la Libye, dans le cadre de son travail pour le comité des sanctions de l'ONU.

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